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HOMMES D'ETAT


ET


HOMMES DE GUERRE


DANS LA REVOLUTION EUROPEENNE.




I.


LE GENERAL NARVAEZ.




Notre siècle est arrivé à un point où il ressent tous les dégoûts, toutes les lassitudes de la parole. Il a tant de fois adoré des mots en croyant adorer des choses, il s’est jeté si souvent à la suite des héros de cette fantasmagorie de la parole pour ne recueillir que des déceptions, qu’il en conçoit peut-être aujourd’hui quelque ironie, et qu’il lui prend, au milieu de ses diversions, je ne sais quelle secrète assurance quand il sent ses affaires dans des mains viriles, plus accoutumées à agir qu’à frapper le marbre d’une tribune. C’est le privilège singulier de quelques vraies et rares natures de soldat de réaliser cet idéal des hommes d’action et d’être choisies pour de décisives et utiles interventions dans les crises publiques. Ce n’est pas sans raison qu’on a pu dire que la vie militaire était une des plus grandes écoles de gouvernement. Ceux qui vivent de cette mâle et noble vie sont heureux, à le