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à l’empereur pour la croix de Léopold. Il ajouta que plus tard je pourrais demander la croix de Marie-Thérèse.

Le lendemain, 1er janvier, le corps du ban quitta Moor et prit la route d’Ofen. On marcha jusqu’à Lovas-Bereny sous la neige qui tombait à gros flocons. Le second corps ne s’avança que jusqu’à Felsö-Galla. Le lendemain, le ban poussa jusqu’à Martonvasar et le second corps jusqu’à Bicske. Le 3 janvier, le ban atteignit Tétény, où il rencontra l’ennemi posté sur des hauteurs dans une position avantageuse. C’était le reste des troupes de Perczel qui, après la bataille de Moor, s’étaient retirées d’abord jusqu’à Sthuhlweissenbourg, et qui, profitant ensuite de l’inaction à laquelle nous avions été condamnés le 31 décembre, se dirigeaient vers Ofen à marches forcées pour se réunir à Georgey. Celui-ci, mollement poussé par le second corps, se trouvait à la même hauteur que nous, sur notre gauche, et pouvait, en trois heures, venir nous écraser entre deux feux ; mais le ban, se fiant à son bonheur et au courage de ses troupes, engagea le combat. L’ennemi se retira après une violente canonnade, et le ban entra à Tétény à la tête de ses soldats. Le second corps était arrivé à Bia pendant le combat ; il aurait pu marcher avec sa cavalerie en se guidant sur le bruit du canon pour venir couper Perczel de la route d’Ofen, pendant que celui-ci soutenait notre attaque ; mais il se contenta d’envoyer un escadron de cavalerie faire une reconnaissance de notre côté. Cet escadron, ayant trouvé le chemin coupé de fossés et intercepté par des abattis d’arbres, revint bientôt sur ses pas, et Georgey put réunir à ses troupes les restes du corps de Perczel. Dès-lors, adoptant, d’accord avec les autres généraux hongrois, un nouveau système de défense, il renonça à livrer bataille sous les murs d’Ofen et se disposa à se porter sur l’autre bord du Danube.

Les quelques jours que notre armée venait de passer en opérations sans résultat décisif n’avaient pas malheureusement été perdus pour l’ennemi ; un nouveau plan de campagne avait été adopté par les généraux hongrois réunis en conseil de guerre dès le 1er janvier. Avertis par le combat de Babolna et la défaite de Moor que l’organisation et la discipline de leurs troupes laissaient encore trop à désirer, les chefs de l’armée rebelle avaient compris qu’il fallait gagner du temps. Ils avaient donc résolu d’évacuer Ofen et Pesth, d’abandonner le Banat et la Bacs[1] jusqu’à la Maros et à Theresiopol, de concentrer toutes les forces de la nation sur la Theiss, et de défendre cette ligne à tout prix. Georgey devait, avec dix-huit mille hommes, se diriger vers la Haute-Hongrie, pour nous induire en erreur sur le véritable dessein des Hongrois et détourner notre attention de la Theiss.

  1. On appelle ainsi la partie de la Hongrie comprise entre la rive droite du Danube et la rive gauche de la Theiss, au-dessous de Theresiopol.