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de leur ligne de retraite, et cependant les dispositions de la journée du 16 décembre semblaient calculées pour faire une simple reconnaissance. Toute notre armée devait se mettre en mouvement le 16 à huit heures du matin ; le second corps, commandé par le général comte Wrbna et échelonné sur la rive droite de la March, devait passer cette rivière, s’avancer sur la rive gauche du Danube, et se porter sur Presbourg ; le premier corps, sous les ordres du ban Jellachich, soutenu de tout le corps de réserve, avec le général duc Serbelloni, et de vingt-cinq escadrons commandés par le prince François Liechtenstein, devait s’avancer contre les troupes hongroises qui gardaient la frontière depuis Presbourg jusqu’au lac de Neusiedl.

Le 16 décembre, dès six heures du matin, le ban détacha le général Zeisberg, son chef d’état-major, avec deux régimens de cavalerie et six pièces de canon. Le général Zeisberg, descendant la rive gauche de la Leitha jusqu’à la hauteur du village de Packfurth, y passa la rivière à la tête de sa brigade, pour aller se placer sur la route de Raab, par laquelle les troupes hongroises que le ban allait attaquer à Pahrendorf devaient se retirer. À neuf heures, lorsque le ban jugea que le général Zeisberg devait être arrivé sur la route, il commença l’attaque de Pahrendorf. J’avais suivi le général Zeisberg : au moment où le ban engagea le combat, nous étions déjà arrivés à Neudorf, sur les derrières des Hongrois ; alors le général Zeisberg s’arrêta et fit prendre position à sa brigade. Cependant les Hongrois, ayant abandonné Pahrendorf après un violent combat, apprirent par leurs éclaireurs que nous étions placés dans une position avantageuse sur la route directe qu’ils devaient suivre. Ils se jetèrent alors vers le sud, espérant nous échapper en décrivant un grand circuit pour aller regagner la route de Raab à la hauteur d’Altenbourg ; mais le général Zeisberg se porta en avant pour aller les couper dans cette nouvelle direction. À cinq heures, notre avant-garde atteignait les premières maisons du village de Casimir, les Hongrois y arrivaient en même temps ; le combat s’engagea aussitôt, la flamme jaillit des canons, les boulets volèrent dans l’air ; le général Zeisberg déploya sa cavalerie sur une seule ligne et porta ses pièces au galop sur une hauteur d’où nos batteries enfilaient la gauche des Hongrois. Les ennemis crurent probablement avoir devant eux tout le premier corps, et ils se rejetèrent encore une fois vers le sud, comptant faire un nouveau circuit pour atteindre enfin Altenbourg. Nous ne pouvions les suivre avec la cavalerie sur ce terrain coupé de larges fossés et de grandes haies séparant les cultures ; il fallut donc rester à Casimir pour attendre l’arrivée du ban avec le premier corps. Il était alors six heures du soir, le ban arriva à huit heures et laissa reposer les troupes ; la nuit était belle, la lune éclairait la campagne, et à minuit nous devions nous remettre en marche,