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LA


CRISE RELIGIEUSE


EN ANGLETERRE.




« Les voies de Dieu ne sont pas nos voies, et ses pensées ne sont pas nos pensées. » Nous espérons que cette citation nous sera pardonnée à cause de la nature du sujet que nous avons à traiter ; mais jamais parole divine n’a été mieux justifiée par des événemens humains que ne l’a été celle-ci par les suites de la révolution européenne de 1848. On aurait dû croire, en effet, que cette révolution allait renverser les autels, comme elle avait renversé ou ébranlé les trônes, et qu’elle allait entraîner l’autorité religieuse dans la ruine de l’autorité monarchique. L’expédition de Rome est venue la première donner à ces prévisions un éclatant démenti ; la restauration du pape, accomplie par les armées de la république, a été un fait tellement incompréhensible et tellement providentiel, que nous nous étonnons qu’on prenne la peine de chercher d’autres miracles. Pour notre part, ayant vu de nos propres yeux le saint-père rentrer dans sa capitale par la porte Saint-Jean-de-Latran avec un général français à cheval auprès de sa voiture, et l’armée de la république pieusement et courageusement agenouillée pour recevoir sa bénédiction, nous nous sommes tenu pour satisfait, et nous ne sommes pas allé à Rimini.

Ce qui n’est peut-être pas moins merveilleux, c’est le mouvement d’expansion et pour ainsi dire la résurrection dont l’église catholique a donné le spectacle au moment même où sa puissance temporelle tombait en poussière. Ainsi, et pour ne parler que du sujet que nous