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III

Étendre et resserrer les relations commerciales du Brésil avec l’Europe, garder vis-à-vis des républiques américaines une attitude à la fois digne et pacifique, en évitant d’intervenir dans leurs perpétuelles dissensions, telle est la double pensée qui préside depuis plusieurs années à la politique extérieure du gouvernement brésilien. Rien de plus simple en apparence que cette ligne de conduite, et pourtant elle rencontre des obstacles de plus d’un genre. La politique conciliante du Brésil a pu prévenir ou arrêter de fâcheux conflits entre l’empire et les puissances européennes, toutes les fois qu’elle n’était pas entravée de ce côté par une malveillance systématique. Ainsi les différends entré le Brésil et la France ont pu être terminés à la satisfaction des deux pays ; mais il n’en est pas de même des occasions de conflits que fait naître à tout instant l’Angleterre. Les difficultés diplomatiques se compliquent ici d’intraitables exigences. L’Angleterre voudrait en ce moment renouveler, comme l’a fait autrefois la France, son traité de commerce avec l’empire de dom Pedro. Celui-ci refuse de signer ce traité sur les anciennes bases, à cause des conditions nouvelles qu’on prétend y introduire à son détriment. Aussi ne lui épargne-t-on pas les tracasseries, et la traite des noirs ne fournit sous ce rapport qu’un trop commode prétexte aux vexations intéressées des agens de la Grande-Bretagne.

Vis-à-vis des républiques américaines, la politique de neutralité n’est pas moins difficile à pratiquer que la politique de paix et de conciliation vis-à-vis de l’Europe. Ce qui se passe en ce moment même sur la frontière du Brésil et de la république Argentine, en est une preuve. Jusqu’à ce jour cependant le gouvernement de l’empire a su ne pas trop s’avancer dans la voie où voudraient l’entraîner quelques manifestations belliqueuses. Dans l’intérêt commun des deux pays, il faut espérer que ces manifestations n’engageront pas outre mesure leur politique, dont le but au fond devrait être le même, la grandeur et la prospérité de l’Amérique du Sud.

Quand de la politique extérieure du Brésil on passe à l’examen des sources de sa richesse, on reste plus convaincu encore de la nécessité de cette ligne de conduite qui se résume en deux mots : neutralité vis-à-vis de l’Amérique, et relations de plus en plus étroites avec l’Europe. Si l’instruction se répand au Brésil, si la vie politique et intellectuelle s’y développe sans cesse, les intérêts matériels y sont en souffrance, il faut bien le dire, et c’est à leur donner plus de place dans la vie brésilienne que la haute administration de l’empire doit consacrer à l’avenir toute sa sollicitude.

Il existe dans les états de dom Pedro trois branches de recettes : 1° la recette générale, qui, s’élevait en 1831 à 34 millions de francs, qu’on évalue, pour l’exercice de 1849-1850, à environ 80 millions, et qui est destinée, à faire face aux dépenses générales ; 2° les recettes provinciale et communale de Rio de Janeiro, pouvant atteindre, la première au chiffre de 15 millions de francs, la seconde à celui de 3, et ayant pour objet de couvrir les dépenses particulières de cette province et de cette commune ; 3° enfin, le budget particulier de recettes de chacune des autres provinces de l’empire.