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réunir dans les mêmes mains la consommation et la production, et puisqu’on Algérie c’est l’armée qui consomme, confions-lui le soin de produire.

Au reste, les germes existent. Trois dépôts d’étalons, dont l’organisation est toute militaire, ont été créés dès 1844. Ils sont placés à Coléah dans la province d’Alger, à Mostaganem dans la province d’Oran, et à l’Alélick, près Bône, province de Constantine. Ces établissemens ont déjà produit d’excellens résultats; mais ces résultats seraient plus appréciables encore, si les dépôts d’étalons avaient été plus nombreux, les stations plus rapprochées des tribus qui élèvent, et si le chiffre des étalons avait été plus considérable. Je crois qu’au lieu de soixante-quatorze étalons que nous possédons aujourd’hui en Afrique, il en faudrait, pour satisfaire à toutes les exigences, au moins de cent quarante à cent cinquante. Qu’on ne s’effraie pas de ce chiffre : si l’on veut, on amènera facilement les Arabes à contribuer pour une part à l’acquisition de ces reproducteurs. Ils comprendront bien vite que cette dépense ne serait pas infructueuse pour eux, puisqu’en définitive elle tendrait à augmenter leurs richesses comme les nôtres. Des tribus n’ont-elles point déjà, sous notre impulsion, coopéré par des impositions volontaires à des constructions de mosquées, de ponts, de caravansérails et de moulins? Ce serait là de l’argent placé à gros intérêts : armée, colons et indigènes, tous puiseraient à cette source élargie.

Il me suffit d’avoir indiqué le système qui me paraît le plus propre à développer nos ressources chevalines en Algérie. Je sais qu’eu égard aux temps, à la pénurie des moyens, aux difficultés de tout genre, le gouvernement a fait beaucoup déjà, a fait jusqu’ici tout ce qu’il a pu faire. Je ne critique pas l’organisation actuelle; je me borne à dire que le moment est venu d’en élargir les bases. Dans le système que je propose, les directions des remontes, des haras et des dépôts d’étalons seraient réunies. De nombreux établissemens créés sur tous les points de l’Afrique seraient destinés soit à recevoir les plus beaux produits de nos possessions, soit à en former de nouveaux. — Sur la ligne médiane du Tell se placeraient les dépôts d’étalons et de remonte; — sur la limite du désert, les succursales de remonte et les stations d’étalons. Notre armée a déjà fourni toutes les variétés d’aptitudes et de dévouemens que nécessitaient les besoins si compliqués de notre conquête : elle saurait encore produire, n’en doutons pas, l’espèce d’officiers nécessaires pour doter d’une vie puissante l’organisation des établissemens hippiques de l’Algérie.


Général DAUMAS.