Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 12.djvu/54

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’observer par lui-même l’état des esprits ; il entreprit donc un voyage dans les provinces méridionales. C est grace à ce voyage que les élections pour le renouvellement partiel des états-généraux furent favorables à la cause ministérielle. Le 11 octobre 1829, Guillaume ouvrit la session par un discours conçu dans un esprit conciliant, et modéré ; mais l’agitation avait pris les devans, et le pétitionnement, après une courte trêve, avait recommencé. Quatre cent mille pétitionnaires vinrent de nouveau frapper aux portes des états-généraux : les Flandres, qui comptaient à peine le tiers de la populations belge, apportaient de nouveau leur formidable contingent des deux tiers des signatures. O’Connell organisait à cette époque (1829) en Irlande l’agitation en faveur de l’émancipation catholique et du rappel de l’union. L’agitation belge se modela sur le repeal irlandais ; elle forma sur une vaste échelle des associations constitutionnelles qui reçurent pour mot de ralliement la séparation administrative. Elle fit paraître dans dix-sept journaux simultanément le projet d’une rente belge : cette rente devait servir à indemniser les membres des états-généraux qui, à cause de leur opposition, viendraient à être privés de leurs emplois rétribués. Du fond de la prison où il se trouvait détenu de nouveau, de Potter proposa la création d’une vaste caisse nationale, espèce d’assurance mutuelle contre les actes du gouvernement qui frapperaient des membres confédérés. On entendait les mêmes cris s’élever en Belgique et en Irlande contre la suprématie protestante. Combien pourtant le sort de ces deux contrées se ressemblait peu ! L’Irlande était traitée depuis deux siècles en pays conquis, appauvri par l’absentéisme, rongée par la famine ; la Belgique, heureuse et florissante comme elle ne l’avait jamais été, se voyait enrichie par un roi dont elle pouvait attendre, en renonçant aux voies révolutionnaires ; le redressement de tous ses griefs.

Le gouvernement hollandais sévit contre l’agitation avec une énergie nouvelle. Un message royal, après avoir énuméré les nombreux bienfaits, les intentions honnêtes de Guillaume Ier, signala aux états-généraux généraux les licences de la presse. M. van Maanen, ministre de la justice, invita par une circulaire les avocats-généraux, les directeurs de police et les fonctionnaires de l’ordre administratif à adhérer à ce message et à redoubler d’activité. Un grand nombre de bourgmestres et d’assesseurs furent destitués. La haute-cour de justice fut transférée de Bruxelles à La Haye. En même temps, le roi fit une dernière avance aux partis : l’usage de la langue néerlandaise dans les tribunaux et la fréquentation du collège philosophique furent rendus facultatifs ; mais cette concession était insuffisante. Frappée dans la presse, l’union s’agita dans l’ombre, et prépara, par les voies auxquelles elle avait donné le nom d’irlandisme, un vaste complot dont le but était, avec le renversement