Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 12.djvu/379

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

doyen d’âge de ces artistes, celui qui fut long-temps le premier de tous, est M. Eugène Verboeckhoven. Il a toujours eu un talent de procédé plutôt que d’expression. Une fois pourtant, en 1845, on l’a vu, dépassant Landseer par l’exécution, l’égaler dans l’art charmant de faire parler les bêtes. Après lui vient M. Robbe, qui était autrefois avocat, et chez qui la vocation s’est révélée à l’âge où les artistes n’ont plus grand’chose à apprendre. Ses études ont été rapides et marquées par des succès. Son Combat de Taureaux est à la fois un progrès et un succès nouveau. M. Woutermaertens, qui est de Courtray comme M. Robbe et qui a été son élève, a débuté en 1845 par des Portraits de Chiens dignes de Landseer. Depuis lors, M. Woutermaertens n’a rien exposé qui confirmât ni qui justifiât ce début. A un bon tableau fait par hasard il fait succéder tous les jours des tableaux médiocres. Enfin M. Jones, M. Dielman, Mme Rodenbach, sont, avec ceux que j’ai nommés et quelques autres encore, les principaux représentans de la peinture d’animaux en Belgique.

La peinture de marine est représentée par MM. Le Hon, Clays, Francia, Eg. Linnig, L. Verboeckhoven, Redig, Serruys, et, exceptionnellement sans doute, par M. L. de Winter, d’Anvers, paysagiste encore ignoré, mais qui ne le sera pas long-temps, car déjà on l’a remarqué au salon de Bruges l’an dernier, et sa Plage de cette année ne saurait passer inaperçue. Quant à M. Le Hon et à M. Clays, ils seraient partout remarqués. M. Francia est connu; on ne voit pas que depuis dix ans son mérite ait grandi. Le Naufrage de l’Amphitrite promettait pourtant mieux que ce qu’a tenu M. Francia.

Dans la peinture de fleurs, la Belgique compte quelques artistes estimés : M. Robbe, M. Robie et Mme van Marcke. M. Robie surtout a de l’éclat et de la vigueur.

Jamais la sculpture belge ne s’est offerte à la critique dans des conditions plus défavorables qu’à cette exposition universelle. Aucun artiste de renom n’a exposé. Les meilleurs ont envoyé leurs œuvres à Londres. Parmi les absens, celui qu’on regrette le plus est M. Simonis. Il est le premier des sculpteurs belges et le seul qui comprenne et exécute bien la statuaire monumentale. Après lui vient M. Fraikin, talent élégant et gracieux, mais qui manque d’élévation, de force et de puissance. M. Jaquet est doué du sentiment de la forme; ses œuvres sont d’un fini précieux, et il est le rival de M. Fraikin, dont il exagère les qualités et les défauts. M. Jaquet a exposé un buste, des plâtres et des bronzes. Il modèle bien, mais le feu sacré n’anime pas ses conceptions. La réputation de M. Guillaume Geefs a balancé celle de M. Simonis. Peu d’artistes ont été autant encouragés, autant loués, autant récompensés que lui. pour payer à ses contemporains la dette de sa reconnaissance, M. Guillaume Geefs devrait être tout au moins un Thorwaldsen ou un