Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 12.djvu/374

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mortier, Marckelhacli, Marschouw, Ruyten. Storms, Tielemans, van Lerius, Verheyden, Constant Wanters, Ch. Wauters et Venneman sont encore des peintres de genre qui ont eu des succès mérités, et que connaissent bien les amateurs.

Le portrait, dont il convient de dire ici quelque chose, est un genre où peu d’artistes excellent. Il est superflu de relever à ce propos une erreur depuis long-temps accréditée, et de rappeler quel ensemble de hautes et rares qualités ce genre, qu’on croit facile, exige chez ceux qui l’abordent. Les plus beaux portraits qu’on voit au salon de Bruxelles sont faits par des Français et des Allemands. Parmi les portraits belges, on admire ceux qu’ont peints MM. Gallait, Portaels, de Keyser, de Senezcourt et Mme Calamalta. Il y a un Joueur de luth, de M. de Senezcourt, qui, — portrait ou fantaisie. Plutôt fantaisie, puisque le costume est du XVIIe siècle, — est un excellent tableau. D’autres portraitistes méritent encore d’être nommés : ce sont MM. De Nobèle, van Yzendyck. Vieillevoye, Leclercq, Verboeckhoven fils. M. de Montpezat fait le portrait fashionable ; il peint le grand seigneur avec ses enfans, ses chevaux, ses chiens et ses domaines. On remarque au salon un tableau de lui qui représente le marchand de chevaux F….. assis avec quelques jeunes gens, la fine fleur de l’aristocratie, dans une voiture à laquelle M. de Montpezat, par une distraction singulière, a donné des roues carrées. Les chevaux sont, dit-on, très ressemblans ; les amis de M. F….. le sont trop.

Le paysage n’est pas, à beaucoup près, le côté par où se recommande l’école belge. L’Allemagne, la Hollande et la France l’emportent ici sur la Belgique, qui ne compte qu’un petit nombre de paysagistes distingués. Cette branche de l’art n’en a pas moins fait d’immenses progrès depuis 1830, et les artistes belges eux-mêmes le reconnaîtront, s’ils se rappellent qu’il y a quelques années les paysages de M. de Jonghe et les clairs de lune de M. Donny étaient considérés comme des chefs-d’œuvre. On se montre plus difficile aujourd’hui, et les paysagistes trouvent le succès disputé et d’une conquête plus rude. M. de Jonghe était du reste un homme de talent. Il a été pour la nouvelle école de paysage ce que M. Navez a été pour l’école de peinture historique, un rénovateur, un maître et un guide. Ses paysages ont de l’étendue ; il avait à un haut degré le sentiment de l’espace et de la perspective aérienne, et, dans l’art de traiter le paysage à grandes lignes et les lointains, peut-être n’est-il encore que faiblement dépassé.

Comme le portrait, le paysage est un genre dont les vrais artistes peuvent seuls comprendre toutes les difficultés. À côté de la beauté naturelle des lieux, il y a une sorte de beauté qui, s’exprimant au moyen du paysage, n’a pourtant rien de commun avec la nature vraie. Les paysages du Poussin sont admirables de cette beauté-là ;considé-