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beaux portraits et fort peu de marines. — La Hollande, au contraire, compte beaucoup de peintres de marine, et, sans doute par des raisons toutes locales, la marine et le paysage sont dans cette école deux genres intimement liés. Sur soixante-six peintres hollandais qui ont exposé à Bruxelles, on trouve douze peintres de genre et seulement trois peintres de sujets historiques et religieux. — Il faut borner là toute comparaison : la France, l’Allemagne, la Hollande, la Suisse, le Piémont et l’Italie sont représentés à l’exposition d’une façon trop incomplète pour fournir des élémens d’appréciation suffisans ; mais nous pouvons du moins rechercher, à l’aide des données qui précèdent, le caractère moral propre à l’école belge, indiquer ses tendances, et essayer même de pressentir son avenir.

Entre l’école française et l’école belge, il n’y a pas seulement des affinités matérielles ; il y a des affinités morales incontestables, que ne sauraient obscurcir les différences qui résultent des divers modes d’expression particuliers à chacune des deux écoles. Encore ces différences de style et de procédé, qui vont diminuant, s’effaçant chaque jour, finiront-elles par disparaître tout-à-fait : l’école de Bruxelles est française aux trois quarts, et l’école d’Anvers voit d’année en année diminuer le nombre de ses fidèles, las, à juste raison, du pastiche auquel elle s’abandonne, et dégoûtés de livrer au commerce des Terburg, des Mieris, des Gérard Dow, des Rembrandt, des Rubens, des Van-Ostade et des Teniers de contrebande. Malheureusement l’école française n’a guère, jusqu’à ce jour, communiqué aux artistes belges que ses défauts : c’est là recueil de toute imitation. Ceci ne doit s’entendre pourtant que des artistes de second ordre. Il est en Belgique des hommes, tels que MM. Gallait, Fourmois, les frères Stevens, FI. Willems, dont le talent original, mûri par l’étude, la pensée et l’observation, transforme plus qu’il n’imite, s’assimile au lieu de copier, concède sans obéir, et s’épure et grandit sans rien perdre de ses qualités natives. Ces artistes éminens entraînent l’art belge dans une voie nouvelle et féconde. La Belgique a deux écoles importantes, Anvers et Bruxelles. Anvers a long-temps été la ville sainte de l’art ; l’éclatante renommée de l’école qu’ont immortalisée Rubens et Van-Dyck, les chefs-d’œuvre que ses églises et son musée renferment, lui ont valu d’être considérée comme la métropole de la peinture régénérée : c’est pourtant de France qu’est venue en Belgique l’impulsion salutaire, et c’est à Bruxelles que s’est manifestée cette renaissance.

La gloire de l’ancienne école était oubliée, les traditions en étaient perdues, l’art était plongé dans un sommeil profond, lorsque David exilé vint chercher à Bruxelles, dans le culte de l’art, de quoi tromper les regrets de la patrie. Il y fit école. Parmi ses élèves, M. Navez se distingua par son trait élégant et pur et par de belles qualités de