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française seraient réduits, de l’aveu de tous les armateurs, si l’on parvenait à simplifier les formalités que la loi ou les règlemens imposent pour le recrutement et l’entretien des équipages. — Enfin, quant aux cargaisons destinées à multiplier l’emploi de notre tonnage, ne serait-il pas possible d’en accroître le chiffre à l’aide de réformes introduites dans le tarif des douanes? L’abaissement des droits sur les matières premières que l’industrie met en œuvre et sur un certain nombre de produits fabriqués développerait nécessairement nos échanges avec l’étranger, et favoriserait par suite les transports maritimes, Il y a long-temps que notre législation douanière a cessé d’être en harmonie avec les progrès incontestables de l’industrie, et qu’elle excite les réclamations les plus vives de notre commerce. L’intérêt de notre navigation apporte un nouvel et décisif argument en faveur de la réforme du tarif.

Une commission, nommée par le ministère de l’agriculture et du commerce, doit se livrer prochainement à une enquête approfondie sur la situation de la marine marchande. Elle recueillera des renseignemens et des témoignages qui permettront de prendre ultérieurement les mesures nécessaires pour sauvegarder, dans les relations du commerce extérieur, la part de notre pavillon. Il serait téméraire de se prononcer sur la nature et l’étendue de ces mesures avant la fin de l’enquête; on ne saurait, en pareille matière, se montrer trop circonspect ni étudier trop patiemment les résultats et les faits : nous avons dû nous borner à signaler les difficultés extrêmes de la situation qui nous est faite. Cependant ce que l’on peut dès aujourd’hui affirmer, c’est que la France se trouvera nécessairement amenée à se départir des règlemens trop absolus du système actuel. D’autres pays ont marqué en avant dans la voie des réformes : de près ou de loin, de gré ou de force, nous suivrons leurs traces, car le progrès qui s’accomplit selon les besoins du temps et dans la mesure d’une sage liberté s’impose tôt ou tard aux esprits les plus rebelles : il domine même les révolutions, et les force à s’arrêter et à s’incliner devant lui. Malheur aux nations qui n’ont point eu la sagesse de s’y préparer!


C. LAVOLLEE.