Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 12.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demandent rien ont souvent plus de mérite, mais qu’il n’est possible qu’aux membres des sociétés savantes des départemens de connaître ces divers travaux...., l’Institut des provinces, dont les membres sont répartis sur tous les points du territoire français, décernera chaque année des récompenses, en séance générale et publique, sur le jugement de la réunion des délégués des provinces. — Les ouvrages qui auraient été récompensés par les sociétés savantes de Paris sont exclus du concours. »

Outre les prix qu’il propose, l’Institut des provinces a tracé un programme d’études géographiques, architectoniques, philologiques, etc., dans l’intention de diriger vers un même ensemble et une vaste synthèse les efforts trop souvent dispersés des savans de nos départemens, et sans aucun doute, si ce programme était rempli, l’érudition française ferait en peu de temps un pas immense[1].

Si grandes que soient les préoccupations politiques de notre temps, on a pu s’assurer, par cet aperçu des travaux historiques de la province, que la science et l’étude ne sont pas pour cela déshéritées : sur tous les points du territoire et dans toutes les classes de la société, l’activité a été féconde. Les membres du

  1. On se plaint généralement dans la province du peu d’appui que les sociétés savantes ont rencontré jusqu’à ce jour auprès des divers gouvernemens qui se succèdent si vite en France. La Société des antiquaires de Picardie a récemment adressé à ce sujet un mémoire au ministre de l’instruction publique. Dans ce mémoire, on demande qu’un concours soit ouvert, chaque année, entre les diverses sociétés historiques et archéologiques, et qu’un prix de 5,000 francs soit décerné à celle qui se serait le plus distinguée par le mérite de ses publications. On rappelle que l’article VI de l’ordonnance du 27 juillet 1845 porte : « Tous les ans, à l’époque du 1er mai, notre ministre secrétaire d’état au département de l’instruction publique mettra sous nos yeux un rapport sur les travaux de toute nature émanés des diverses sociétés savantes du royaume et de leurs membres. Ce rapport sera publié au Moniteur. » Le mémoire ajoute que cette ordonnance n’a jamais reçu la moindre exécution, que le crédit ouvert au budget en faveur de ces sociétés se trouve actuellement réduit à 35,000 francs, que tout est réservé pour Paris, et qu’il serait temps de procéder à une répartition plus équitable. Ces observations nous paraissent très justes, et il est d’autant plus raisonnable d’encourager les sociétés savantes, qu’elles encouragent elles-mêmes, en s’imposant des sacrifices très lourds, non-seulement les sciences historiques, mais encore les sciences d’application, et qu’elles récompensent les inventeurs, les bonnes actions et les bonnes mœurs. Voici l’indication de quelques-uns des programmes proposés par ces sociétés pour les années 1851, 1852 et 1853 : Société d’émulation de Cambrai : — Comment la justice a-t-elle été administrée dans le Cambrésis avant l’année 1574, époque à laquelle l’archevêque Louis de Berlaymont fit recueillir et rédiger les coutumes de cette province? Prix, 200 francs. — Société de l’Eure : — Mémoire historique sur l’industrie et le commerce en Normandie, et spécialement dans les parties de cette province qui forment aujourd’hui le département de l’Eure, pendant le moyen-âge, du Xe au XVIe siècle. Prix, 400 francs. — Société d’agriculture, sciences et arts du département de la Marne : — Étude historique et archéologique sur Châlons et ses environs. Prix, 300 francs. — Académie nationale de Toulouse : — Rechercher et caractériser parmi les dispositions de la coutume de Toulouse celles qui appartiennent à la législation des comtes, apprécier l’influence de cette législation sur l’état toulousain. Prix, 500 francs. — Académie nationale de Metz : — Rechercher quel était dans le pays Messin l’état des populations, des sciences et des arts à l’époque romaine. Médaille d’or. — Société académique de Nantes : — Histoire abrégée de la Bretagne pour servir à l’enseignement élémentaire. Prix, 300 francs.