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s’efforce pas de faire terminer dans le plus bref délai une publication d’un semblable intérêt, et il nous semble qu’elle ne demanderait pas en vain dans cette circonstance l’appui du ministère de l’instruction publique. On a beaucoup fait dans ces derniers temps pour la conservation des archives de la France, la mise au jour de leurs catalogues. Il y a là des archives lapidaires non moins précieuses que les chartes et les parchemins ; il y a là surtout pour les reproduire et les interpréter un homme qui a donné des gages nombreux à la science. Nous avons donc tout lieu d’espérer que les encouragemens ne lui feront pas défaut, et que l’archéologie comptera bientôt un excellent ouvrage de plus.

Au premier rang des publications lyonnaises de ces dernières années, nous mentionnerons celle qui a pour titre Lyon antique, restauré d’après les recherches et les documens de M. Artaud, par M. A. Chenavard, architecte, professeur à l’école des beaux-arts, et le Dictionnaire général et raisonné d’architecture, par M. Fléchet. Ce dictionnaire, qui embrasse toutes les époques connues, est une encyclopédie complète, et, sous le double rapport de l’exécution typographique et de la science, ce travail ne le cède en rien aux ouvrages les plus estimés du même genre. L’Inventaire des titres recueillis par Samuel Guichenon, patient collecteur du XVIIe siècle, qui a réuni en trente-quatre volumes in-folio une série de documens relatifs au Lyonnais et aux provinces environnantes, est un travail exact d’érudition positive, plus utile pour les travailleurs sérieux qu’une foule de monographies originales. Il en est de même de la Bibliographie de la ville de Lyon, de M. de Monfalcon, et de la Bibliographie lyonnaise au quinzième siècle, dont M. A. Péricaud vient de donner une seconde édition. M. de Terrebasse, auteur d’une Histoire de Bayard et de divers travaux sur l’ancien royaume de Bourgogne, a publié, sous le titre de Tombeau de Narcissa, un opuscule dans lequel il s’attache à réfuter une tradition relative au séjour du célèbre poète anglais Young dans la ville de Montpellier. Un journal du midi, en rappelant cette tradition il y a peu de temps, accusait Young d’avoir dérobé dans cette ville une sépulture aux catholiques pour enterrer clandestinement sa fille bien-aimée, celle qu’il a chantée et pleurée sous le nom de Narcissa. M. de Terrebasse, pour réfuter cette opinion, rapporte la découverte faite à Lyon, il y a quelques années, du tombeau d’Elisabeth Lee, la belle-fille d’Young. Il s’attache, par des rapprochemens fort ingénieux, à démontrer qu’Elisabeth et Narcissa ne sont qu’une seule et même personne, que l’anecdote de Montpellier est complètement controuvée, et qu’ainsi le fameux récit de la quatrième nuit du poète anglais est tout-à-fait imaginaire. M. Joseph Bard, que nous avons déjà rencontré en Bourgogne, se retrouve encore sur les bords du Rhône, comme éditeur du Bulletin monumental et liturgique de la ville de Lyon. « Je crois, dit M. Joseph Bard dans le préambule du douzième Bulletin, avoir concouru à servir les intérêts moraux et matériels de cette auguste métropole dans la mesure de mes forces… Je puis me rendre la justice d’avoir beaucoup fait pour l’illustration des édifices lyonnais par mes travaux, mes paroles, mes écrits ; d’avoir développé les instincts innés ici du beau moral et idéal, de la magnificence oculaire ; d’avoir entretenu le feu sacré du goût ; d’avoir, enfin, contribué à faire entrer l’art lyonnais dans le domaine d’une large popularité. » Ce qu’il y a de curieux dans ce bulletin de .M. Joseph Bard, ce sont les détails qu’il donne sur les monumens d’un genre nouveau que fit naître à Lyon le règne des voraces, les changemens opérés dans les noms des rues et des places,