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LE CELESTE EMPIRE


DEPUIS LA GUERRE DE L'OPIUM,


SOUVENIRS D'UNE STATION DANS LES MERS DE L'INDO-CHINE.




Le 24 avril 1847, la corvette la Bayonnaise quittait la rade de Cherbourg pour se rendre dans les mers de Chine. Ce bâtiment devait faire partie de la station que la marine française entretenait depuis quelques années sur les côtes du Céleste Empire et dont le commandement venait d’être transmis par M. le contre-amiral Cécille à M. le capitaine de vaisseau Lapierre. Ces lointaines campagnes ont perdu sans doute un peu de l’attrait pittoresque qui en faisait autrefois oublier les fatigues elles ont acquis un intérêt plus réel. L’empire chinois n’offre plus une mine féconde et inexploitée aux récits des voyageurs, mais il commande leur attention à un autre titre. Ce monde étrange a sa place marquée aujourd’hui dans les calculs de la politique. Il faut désormais le prendre au sérieux, étudier son gouvernement, ses ressources. Ses tendances, si l’on veut apprécier dans leur ensemble les nouveaux élémens d’un équilibre que l’intérêt de chaque puissance s’efforce-il troubler son profit, que l’intérêt général de l’Europe s’applique constamment à rétablir.

Les conditions de cet équilibre se compliquent et se modifient d’un siècle à l’autre ; les oscillations que subit le commerce du globe tendent surtout à les déplacer. L’Europe, qui, avant 1789, échangeait 1,100 millions avec l’Amérique, n’en échangeait que 260 avec l’Ase. Le marché asiatique a maintenant une importance représentée par le