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cariatides de Minerve Pandrose. Quant au fronton, il est à perdu.

Tels ont été les soins donnés par la société archéologique aux monumens de l’Acropole, considérables et parfaits entre tous. De ceux qui sont dans la ville elle-même et qu’elle n’a pas négligés, trois ont excité au plus haut degré son religieux intérêt, savoir : le temple de Jupiter olympien, le monument de Lysicratès et la Tour des Vents. Nous avons déjà dit un mot du temple de Jupiter olympien. Nul autre n’a eu de fortunes aussi diverses, et ce serait une trop longue histoire que celle de sa construction. Pisistrate, Antiochus Épiphanes, Persée, Auguste et ses alliés y mirent tour à tour la main pour le commencer ou le continuer, Sylla et Caligula pour le dépouiller ou le détruire, Adrien pour l’achever. C’est son antiquité, avec sa grandeur extraordinaire et sa beauté relative, qui lui ont valu la vénération des Hellènes ; mais toute pensée de restauration était interdite à l’égard d’un édifice qui avait épuisé tant d’efforts et coûté 7,088 talens aux Athéniens ; c’est-à-dire 38,275,200 francs de notre monnaie[1]. On n’a pu songer qu’à préserver d’une ruine totale les douze ou quinze colonnes qui survivent tristement à cette merveille anéantie. Le sol qui les porte est retenu du côté de l’Ilyssus par un gros mur de soubassement appuyé lui-même à de puissans contreforts. Le temps avait pratiqué dans cette espèce de rempart et agrandissait peu à peu une brèche menaçante : la société l’a fermée au moyen de vingt blocs qui avaient roulé dans les champs. Cette réparation, insignifiante en apparence, sauvera la colonnade et conservera aux études esthétiques et archéologiques un terme de comparaison d’autant plus précieux que ces vestiges de l’ordre corinthien sont, peu s’en faut, les seuls qui subsistent en Grèce.

Lorsque du temple de Jupiter olympien on se dirige vers la pente orientale de la citadelle, on entre bientôt dans l’antique rue des Trépieds, qui tirait son nom des nombreux monumens où les tribus consacraient des trépieds en bronze en souvenir de leurs victoires dans les combats de musique et de danse. L’an 335 avant Jésus-Christ, sous l’archontat d’Evénète, la tribu Acamantide, couronnée dans une de ces luttes pacifiques, érigea à l’entrée de la rue le ravissant édifice appelé par la tradition la lanterne de Démosthène. Je le décrirais, si tout le monde ne connaissait la rare élégance de ses colonnettes corinthienne, sa frise représentant en bas-relief une aventure de Bacchus, et son toit circulaire que surmontait, d’après Stuart, le trépied conquis par la tribu victorieuse. Chacun peut voir dans le parc de Saint-Cloud une copie de ce monument, que les Parisiens, comme les palikares, appellent la lanterne. Le poétique souvenir qui s’y rattache, sa forme, ses détails,

  1. On sait que le talent valait 5,400 fr.