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de tous les secrets qui se rattachent à l’orfèvrerie, depuis les nielles jusqu’aux plus délicates ciselures. Il a successivement abordé toutes les épreuves que se proposait l’art florentin du XVe et du XVIe siècle ; il ne s’est pas contenté de contempler avec une admiration stérile les œuvres tour à tour ingénieuses et hardies de Benvenuto Cellini : il s’est efforcé de lutter avec cet artiste incomparable, dont le talent fait le désespoir de tous ses émules. Il serait curieux de rassembler et de consulter les matrices gravées par le jeune élève de Fourier de 1809 à 1817 ; malheureusement le zèle le plus sincère ne réussirait pas à réunir ces documens. À cet égard, nous sommes réduit aux conjectures : nous ne pouvons juger le passé que d’après le présent ; c’est dire assez clairement qu’il vaut mieux nous abstenir. Cependant, quoique je n’aie pas sous les yeux un seul des poinçons gravés par l’élève de Fourier, je ne crois pas inutile de mentionner ce premier apprentissage, car ces études obscures qui semblaient destinées à ne faire de M. Barye qu’un artisan habile ont porté des fruits glorieux. En 1819, l’école des Beaux-Arts mettait au concours pour la gravure en médaille Milon de Crotone, et le jeune élève de Fourier n’hésita pas à se mettre sur les rangs. J’ai sous les yeux cette œuvre de 1819, la première qui marque dans la vie de M. Barye, la première qui ait laissé une trace durable, et je crois pouvoir affirmer qu’elle se recommande par toutes les qualités qui ont assuré plus tard la popularité de son talent. Le sujet traité au XVIIe siècle par Pierre Pujet avec tant de verve et d’énergie a été compris par l’élève de Fourier avec une merveilleuse précision. Le lion qui mord la cuisse de l’athlète est rendu avec une habileté qui se rencontre bien rarement parmi les élèves de l’académie. La tête et l’attitude de Milon expriment éloquemment la lutte du courage contre la souffrance. Le poinçon de M. Barye, malgré l’approbation des connaisseurs, n’obtint qu’une mention honorable, une médaille d’encouragement. Le premier prix fut adjugé à M. Vatinelle.

L’année suivante, l’école des Beaux-Arts proposait pour le prix de sculpture Caïn maudit par Dieu après le meurtre d’Abel. M. Barye, qui venait de passer un an dans l’atelier de Bosio, fut reçu en loge, c’est-à-dire admis à concourir. Sa figure, empreinte à la fois de honte et de rage, obtint le second prix. Le premier prix fut donné à M. Jacquot. En 1821, l’école choisissait pour sujet de concours Alexandre assiégeant la ville des Oxydraques. M. Barye se remit sur les rangs ; le premier prix fut donné à M. Lemaire. En 1822, la robe de Joseph rapportée à Jacob par ses frères. M. Barye concourt pour la troisième fois, et le prix est donné à M. Seurre jeune. En 1823, Jason enlevant la toison d’or. Pas de prix. L’année suivante, M. Barye n’était plus même reçu en loge et quittait l’école.

Ce rapide exposé des faits n’est certes pas dépourvu d’intérêt. MM. Vatinelle,