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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 juillet 1851.

Nous arrivons tard pour faire l’histoire du débat parlementaire qui a occupé, qui a passionné quelquefois les premiers jours de cette quinzaine. La passion s’en est allée du parlement, qui lui-même va nous quitter. Et, pourquoi ne le confesserions-nous point ? il était assez simple qu’elle s’en allât vite, parce que, après tout, de la façon dont le débat s’engageait, elle n’avait pas grandement à intervenir. M. Dupin n’en a pas moins été très bien inspiré d’adresser à ses collègues le petit discours de précaution et de circonstance dans lequel il les suppliait d’être sages et de se montrer par leurs qualités plus que par leurs défauts. Il n’est jamais de précautions qui soient tout-à-fait inutiles ; mais M. Dupin l’avait belle de demander aux partis, en cette rencontre, qu’ils voulussent bien se placer chacun dans son meilleur jour et rivaliser seulement de modération. Il n’y avait certes pas, à la manière dont la question était posée pour eux, de quoi déranger beaucoup l’équilibre de leurs humeurs, et nous trouvons qu’on s’est un peu trop gratuitement étonné du parfait décorum avec lequel les choses se sont en général passées. Il a fallu la présence de M. Victor Hugo à la tribune et la pitoyable audace de ses antithèses, antithèses dans la conduite et dans la vie plus encore que dans les phrases, pour troubler le sang-froid avec lequel on s’était promis de laisser tout dire. Si l’on a manqué là de patience, la cause n’en était pas dans le sujet de la discussion telle qu’on l’avait prise ; la faute en est au personnage qui discutait. Comme aussi, d’autre part, lorsque les montagnards, après le vote, ont crié : Vive la république ! ce n’était pas que le vote leur eût soulagé la poitrine d’une anxiété qui les étouffât ; cette explosion convenue n’avait rien d’autrement enthousiaste, et n’était au fond qu’une politesse de rigueur dont le ton n’indiquait pas qu’on se fût sensiblement échauffé.

La vérité est qu’on ne s’est pas échauffé du tout ; on ne s’est battu qu’avec