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MUSEE DU LOUVRE.




La décoration du Musée par M. Duban donne lieu aux plus sévères réflexions. L’état, il faut lui rendre justice, ne s’est pas fait prier pour fournir à l’architecte les moyens d’embellir dignement les salles consacrées aux chefs-d’œuvre de toutes les écoles. Toute la question se réduit à savoir comment M. Duban a usé des moyens que l’état mettait à sa disposition. Personne à coup sûr ne peut contester l’éclat et la magnificence du salon carré, de la salle dite des sept cheminées. Reste à savoir si ces deux salles, si magnifiquement décorées, sont décorées selon leur destination ; c’est ce que je me propose d’examiner.

Je me hâte de déclarer que la grande galerie, dont plusieurs parties, condamnées depuis long-temps à l’obscurité, portaient parmi les artistes le nom de catacombes, ont été rendues à la lumière par des trouées faites à la voûte. C’est là sans doute un service réel rendu à la peinture. Je dois dire seulement que M. Duban, en acceptant cette tâche, n’a pas semblé en comprendre toute l’importance. Il a fait des trouées à la voûte pour éclairer les tableaux : c’est bien ; mais la tâche de l’architecte ne s’arrêtait pas là. Le plus simple bon sens prescrivait de mettre ces trouées d’accord avec la décoration générale de la voûte. Or, c’est précisément ce que M. Duban a négligé. Il a éclairé les tableaux, et je l’en remercie ; mais son devoir allait plus loin : il n’était pas permis de tailler dans les caissons figurés à la voûte sans motiver les nouvelles ouvertures. M. Duban, en négligeant l’accomplissement de cette condition indiquée par le bon sens le plus vulgaire, semble avoir voulu montrer que la partie utile de son art n’est pour lui qu’une partie secondaire. Caprice de vanité que chacun a compris, et qui ne lui a pas porté bonheur ! La lumière répandue dans