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L'EGLISE


ET


LES EVEQUES DE PARIS.




Cartulaire de Notre-Dame, publié pour la première fois par M. Guérard. 1850.[1]




C’était l’orgueil des rois de la vieille monarchie française d’être les fils aînés de l’église, et c’était aussi l’orgueil des cathédrales de Reims, de Notre-Dame et de l’abbaye de Saint-Denis d’être les églises et l’abbaye des rois. Dans les jours croyans et forts où la France se regardait comme le royaume aimé de Dieu, où l’idée abstraite de la patrie s’incarnait dans la royauté, où le sacre était la formule d’une adoption divine, Reims gardait le sceptre, emblème de la force, la main de justice, emblème du droit, et l’huile qui donnait au monarque, avec son caractère sacré, l’esprit d’équité et le don des miracles. Saint-Denis gardait l’oriflamme, cette bannière à la fois religieuse et chevaleresque qu’un ange, suivant une légende populaire, avait apportée du ciel comme un gage offert par le dieu des armées au chef des armées de la France. Notre-Dame, dans les solennités nationales, réunissait, pour les actions de grace de la victoire ou les prières des grandes calamités, le roi de France et le peuple de Paris. C’était là que Philippe-Auguste faisait bénir ses armes ; c’était là qu’au retour de la victoire de Mons, Philippe-le-Bel venait, tout armé et monté sur son cheval de bataille, remercier Dieu de son triomphe ; c’était là que Louis XIV suspendait les trophées de Steinkerque et de Fleurus. Illustres parmi toutes nos églises, Reims,

  1. Avec la collaboration de MM. Géraud, Deloye et Marion. — 4 vol. in-4o. — Collection des Documens inédits sur l’histoire de France, chez Firmin Didot.