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je vous quitte pour les aller entretenir. C’est par là que je prétends leur prouver que leur présent a été fort agréablement receu ; car il faut que j’estime fort Cyrus et Mandane, pour préférer le plaisir de leur conversation à celuy que j’ay en vous donnant des marques de mon souvenir et de mon amitié.


A MONSIEUR DE SCUDERY[1].


« De Louvre ce 6e avril.

« Sy j’avois manqué de vous faire responce par quelque espece de nesgligence, je croy que la honte que j’en aurois m’empescheroit éternellement de vous la faire ; mais comme je n’ay retardé mon soing que pour le rendre plus utile, je pense que vous ne m’en sçaures pas mauvais gré. Je suis sy touchée de vos peines que je ne puis avoir une plus grande joye que de trouver une occasion de les soulager. Voilà donc une letre de M. de Longueville pour le sieur de la Motte Mer… qui commande dans Caen en l’absence du sieur de Chambois, par où il luy ordonne de vous y recevoir. Je luy escris pour luy donner le mesme ordre. Je suis pressée à monter en caresse pour continuer mon voiage, ainsi je ne puis vous entretenir plus long-temps.


« A. DE BOURBON. »

« Je vous ay envoié une letre pour M. de Gâucourt[2] ; je ne sçay si vous l’aures receue ; mandez-le-moy, et accusés aussy la reception de ce paquet icy. »

Pendant que Mme de Longueville se maintient en grace auprès des beaux-esprits, qui ne laissaient pas d’avoir quelque influence dans les salons de Paris, elle n’a garde d’oublier les politiques. Elle ne manque pas l’occasion de témoigner de l’intérêt, dans une circonstance qui nous échappe, à ce Bouthillier, comte de Chavigny, dont la capacité égalait presque l’ambition, et qui, pour rentrer ou se soutenir au ministère, avait trahi successivement tous les partis, mais en conservant un fonds d’attachement au prince de Condé. Elle pensait apparemment que dans les temps de révolution il ne faut négliger personne, et les intrigans un peu moins que les honnêtes gens.


A MONSIEUR DE CHAVIGNY[3].


De Bourdeaux, ce 28 mars 1652.

« Monsieur, sy vous n’avez pas perdu le souvenir de l’estime particulière que j’ay tousjours eüe pour vous et de la part que j’ay tousjours prise à tout ce qui vous a regardé, vous croirés aisément que votre

  1. Tiré de la Bibliothèque nationale, SUPPLÉMENT FRANÇAIS, no 376, Lettres à Mme d’Uxelles. La lettre est autographe.
  2. Sur M. de Gaucourt, officier très capable, voyez Retz, t. II, p. 150, et les autres mémoires du temps.
  3. Lettre autographe de notre collection. Sur Chavigny, sa capacité, son ambition, son importance, voyez tous les mémoires du temps.