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LES

Côtes  de  la  Manche


GRANVILLE. — COUTANCES. — LA HAGUE.

— CHAUSEY. — LE MONT-SAINT-MICHEL. — LES MARAIS ET LES GRÈVES.


Séparateur

..... Sterilisque diù palus aptaque remis Vicinas orbes alit et grave sentit aratrum.
Hor. A. P.

J’essaie aujourd’hui de décrire cette sirte de la Manche qui s’enfonce entre le cap de La Hague et les Héaux de Bréhat, les deux pointes de la Normandie et de la Bretagne les plus avancées vers le nord. Plus tumultueuse et plus hérissée de dangers que les sirtes de l’Afrique, ses rivages sont, par la richesse de leur sol et les mœurs de leurs habitans, aussi hospitaliers que ceux de la Sidre et de Cabès le sont peu. Dans aucune région habitée du globe, les phénomènes des marées ne déploient plus de puissance que dans celle-ci ; nulle part les flots soulevés de l’Océan ne heurtent de plus redoutables écueils, ne soumettent à de plus rudes épreuves la fermeté d’ame du marin. La difficulté de donner une idée précise des phénomènes qui se manifestent au sein de cette mer, des forces générales qui s’y dévoilent par des effets partiels, ne s’efface pas, mais s’atténue un peu devant un examen attentif de la configuration de ses côtes, et cette région est de celles dont l’ensemble se comprend mieux après qu’on en a pénétré les détails. Nous commencerons donc par en côtoyer les rivages, et nous réglerons notre course sur la division naturelle qui résulte de la différence des gisemens. Nous visiterons ainsi d’abord, du cap de La Hague au fond de la baie du Mont-Saint-Michel,