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diverses reprises, occupée de ces questions : elle s’est empressée d’adresser au ministre un rapport concluant à la continuation des travaux de déblaiement du temple de Sérapis et à la reprise immédiate des fouilles entreprises sur le sol de l’ancienne Ninive. L’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres voulait plus encore. Envisageant la question du point de vue le plus élevé, elle exprimait le vœu que les fouilles ne fussent pas limitées aux environs de Ninive, mais que le cercle des recherches fût considérablement étendu, et que les ruines babyloniennes et médiques fussent explorées et fouillées comme les ruines persanes et assyriennes. Elle indiquait la meilleure direction à donner à ces recherches, et les localités qui devaient être étudiées de préférence. Babylone tant de fois visitée, mais dont les collines de briques crues délitées, indiquant d’immenses édifices, n’ont jamais été fouillées jusqu’au tuf ; Ecbatane, aujourd’hui Hamadan, la capitale des Mèdes, la ville aux sept enceintes peintes de sept couleurs différentes, et dont la plus centrale, renfermant le palais du roi, qui n’avait pas moins de sept stades de tour, était dorée, devaient appeler d’abord l’attention des archéologues chargés de continuer les recherches commencées en Perse et en Assyrie. L’Académie demandait que cette fois l’exploration fût sérieuse, et que les fouilles fussent poussées jusqu’aux substructions de ces grands édifices, et constatassent d’une manière définitive ce qui peut subsister encore. Quand à l’exemple de Ninive, ces antiques cités nous auraient dit leur secret, il resterait encore à interroger les ruines de ces villes bibliques contemporaines des premiers âges du monde, dont les restes considérables, aujourd’hui sans nom, couvrent les régions les plus désertes et les plus désolées de la Chaldée et de la Mésopotamie. Les seules notions que l’on possède sur cette partie de l’Asie centrale et ces villes oubliées nous avaient été données par les explorateurs anglais, envoyés pour étudier le projet d’ouverture de la route commerciale de l’Euphrate. On était en droit d’attendre d’importans résultats d’une grande expédition scientifique qui consacrerait deux années à visiter l’Assyrie, la Chaldée, la Mésopotamie et la Médie. Une expédition de cette nature devait, il est vrai, entraîner une dépense de 70,000 francs environ. Cette somme, jointe à celle de 8,000 indiquée pour la reprise des fouilles de Ninive, n’avait rien d’excessif ; mais, comme l’administration ne s’était proposé dans le principe de ne consacrer à ces fouilles que quelques milliers de francs laissés libres sur le crédit des beaux-arts, on était certes loin de compte. Des frais aussi considérables ne pouvaient plus être couverts qu’au moyen d’un crédit extraordinaire. Les assemblées, comme on sait, ne se laissent aller que difficilement à ces dépenses, dont elles ne saisissent que très imparfaitement l’importance. Le ministre cependant crut pouvoir compter cette fois encore sur l’intelligence et le patriotisme