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représentation symbolique du monarque qui réunissait la force et la majesté. Sennachérib fit, à l’exemple de Sargon, son père, la guerre aux Babyloniens, aux Juifs et aux habitans de Sidon. La Bible rapporte la destruction miraculeuse de son armée par l’ange du Seigneur, qui tua dans une nuit cent quatre-vingt-cinq mille hommes, — sa fuite, hâtée par cet esprit de crainte et de frayeur que lui envoya le Seigneur, et son assassinat dans le temple de son dieu Nesroch par ses fils Adramelech et Sarasor[1]. Selon M. Rawlinson, l’inscription recueillie par M. Layard sur l’un des taureaux qui décorent l’entrée principale du palais de Koyoundjek comprendrait l’histoire de la troisième année du règne de ce prince, c’est-à-dire la conquête de Sidon et la guerre contre les villes de Syrie pendant laquelle eut lieu le soulèvement de la Palestine contre le roi Padiya et les officiers assyriens chargés du gouvernement de la province conquise. Padiya dut se réfugier à Jérusalem auprès d’Ézéchias, tributaire de Sennachérib. Les rebelles invoquèrent l’assistance des rois d’Égypte. Une nombreuse armée, commandée par le roi de Pelusium, marcha à leur secours. Sennachérib la défit complètement dans les environs d’une ville qui se nommerait Allaku, peut-être Asatus, près d’Ascalon[2]. Padiya sortit alors de Jérusalem et fut réinstallé dans son gouvernement. Peu après cette époque, des différends étant survenus entre Sennachérib et Ézéchias, son vassal, au sujet du tribut, Sennachérib ravagea toute la Judée, et menaça Jérusalem. Ézéchias fit sa soumission et abandonna au monarque, comme rançon, 30 talens d’or, 300 talens d’argent, les ornemens du temple, les esclaves, les jeunes gens, les jeunes filles et les serviteurs mâles et femelles. À la suite de cette guerre heureuse, Sennachérib retourna en Assyrie. C’est à cette campagne qu’il est fait allusion dans l’Écriture[3], et peut-être dans Hérodote[4]. La concordance entre les historiens sacrés et profanes et la chronique de Sennachérib déchiffrée par M. Rawlinson existerait jusque dans le nombre de talens d’or et d’argent payés en tribut par Ézéchias.

Le successeur de Sennachérib fut Asar ou Ésar-Haddon, son fils, sous lequel aurait eu lieu une nouvelle transportation des Hébreux à

  1. Les Rois, XX, 35-37.
  2. Justifiant ces paroles que la Bible met dans la bouche de son lieutenant Rabsacès : « Est-ce que vous espérez dans l’Égypte, ce roseau brisé ? Si un homme veut s’y appuyer, ses morceaux lui entreront dans la main et la perceront. Tel est maintenant Pharaon pour tous ceux qui se confient en lui. » (Les Rois, XIX, 22.) Sargon aurait fait, comme Sennachérib, la guerre aux Égyptiens et aux Éthiopiens. Un bas-relief de Khorsabad, représentant deux cavaliers terrassant des guerriers aux cheveux crépus, au nez épaté et sans barbe, en un mot des nègres parfaitement caractérisés, ne laisse aucun doute à ce sujet. (Monumens de Ninive, t. II, pl. 88.)
  3. Les Rois, XIX, 13-14-15-16.
  4. Livre II, chap. 141.