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plupart des catacombes, sinon toutes, étaient oubliées, et les ouvertures qui y donnent accès étaient comblées. Pendant quatre ou cinq siècles, on parut même ignorer qu’elles eussent existé. Ce ne fut qu’au XVIe siècle, sous le pontificat de Sixte-Quint, qu’on en fit comme une nouvelle découverte et qu’on recommença à s’en occuper. Ce pape, dont la puissante activité s’appliquait à tout, les avait fait ouvrir pour en extraire les reliques des martyrs, et peut-être, qui sait ? pour y chercher des trésors qu’elles pouvaient receler. Les curieux et les savans, obéissant au mouvement du siècle qui reportait vers le passé son attention inquiète, saisirent avec empressement l’occasion qui s’offrait d’examiner en détail ces mystérieuses retraites et les innombrables monumens des temps d’autrefois qu’elles renfermaient. Antoine Bosio, agent de l’ordre de Malte à Rome, mit surtout à l’exploration des catacombes une ardeur et une persévérance infatigables. Il ne se contenta pas de voir, il fit dessiner tous les monumens qu’il put rencontrer, tombeaux, chapelles souterraines, autels, sculptures, peintures, mosaïques, et il fit tout graver. La description de ces objets devait composer un ouvrage auquel il donna aussi le titre de Roma soterranea (Rome souterraine), mais qui ne put être publié qu’après sa mort. Bosio dressa les plans des catacombes connues avec une merveilleuse exactitude. Le travail de Bosio fut revu et complété par Arringhi, qui le publia de 1651 à 1659. Bottari mit à profit ces recherches dans son ouvrage sur les rites ecclésiastiques des trois premiers siècles du christianisme, et reproduisit identiquement les dessins de Bosio, tout imparfaits qu’ils étaient. Bien d’autres qui depuis ont écrit sur les catacombes se sont toujours servis de ces spécimens incomplets.

Séroux d’Agincourt, qui venu plus tard, apporta dans l’examen des peintures et des sculptures des catacombes sa critique judicieuse et son goût éclairé, fut peut-être le premier qui envisagea ces monumens au point de vue de l’art. L’ingénieux et savant rapporteur du projet de loi sur la Rome souterraine de M. Perret nous paraît avoir fait un peu trop bon marché de cette partie des travaux de l’historien de l’art par les monumens, qu’il mentionne à peine ; mais peut-être ne devons-nous voir là qu’une réticence politique. Ces planches de Bosio, reproduites par Bottari, « traitées, selon M. Vitet, dans cet esprit de convention et d’à peu près qui était la maladie des maîtres de l’époque, et à plus forte raison des manœuvres, » sont jugées peut-être plus sévèrement encore par Séroux d’Agincourt » Ce n’est pas, nous dit-il, en ce qui concerne les arts que les écrivains dont il vient d’être question (Bosio, Arringhi, Severano, Boldetti, Bottari, Marangoni, Buonarotti) se sont occupés des catacombes. S’ils eussent conçu ce projet, les dessinateurs qu’ils ont employés les auraient réellement desservis par l’infidélité de leurs imitations, au lieu de leur être utiles. Leurs gravures