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la forme et l’esprit des monumens, seraient conservés, et qu’il pourrait nous en donner la représentation en quelque sorte identique ; mais, pour arriver à cette identité, il faut s’astreindre à copier fidèlement, naïvement, sans rien ajouter à ce qui est, sans rien retrancher, et reproduire les défectuosités avec le même scrupule que les beautés, or cette fidélité quand même cette naïveté soumise, sont ce que l’on obtient le plus difficilement d’un artiste de talent. Consentir à ne pas montrer ce qu’on sait, renoncer à toute personnalité, c’est un sacrifice auquel personne ne se résigne volontiers dans les arts comme en toute chose ; aussi un copiste fidèle et naïf est-il beaucoup plus difficile à rencontrer qu’un bon traducteur. Où celui-ci met son savoir-faire et son adresse, celui-là met sa conscience, et il paraîtrait que les gens consciencieux sont infiniment moins nombreux que les gens habiles où les gens adroits. Pour reproduire une fresque, il ne suffit pas seulement de la calquer ; il faut un dessinateur pour reporter le calque, un peintre pour rétablir la couleur. C’était ce dessinateur et ce peintre que M. Perret devait rencontrer et diriger, dont il fallait obtenir cet absolu sacrifice de toute personnalité. M. Perret a mis dans ce choix le bon sens et le tact qui le distinguent ; il s’est associé un de nos artistes les plus méritans et les plus sincères, M. Savinien Petit, et le résultat, nous prouve que sa confiance ne pouvait être mieux placée. Les dessins de M. Petit, exécutés avec une sorte de candide et scrupuleuse fidélité, et dans lesquels on n’a nullement cherché à dissimuler les imperfections des originaux, empruntent à ce système de rigoureuse exactitude ce caractère de nouveauté, de naïve majesté, parfois de surnaturelle grandeur, qui les distinguent de toutes les reproductions analogues. Il n’y a là ni négligence ni mépris effronté de la vérité, comme dans certaines publications antérieures, ni puérile affectation de naïveté, comme pouvaient le faire craindre certaines influences ou l’exagération systématique du principe adopté. Il y a conscience et réalité, rien ne fait dissonnance ; le mode juste est trouvé. Aussi l’effet produit par le portefeuille de M. Perret a-t-il été universel et profond.

Un rapide coup d’œil jeté sur les publications de ses devanciers nous permettra de mieux apprécier tout le mérite et toute la valeur de son travail. – Il paraît à peu près certain que jusqu’aux VIIIe et IXe siècles les catacombes, furent en grande vénération ; les plus grands soins étaient apportés à l’entretien de ces galeries souterraines. À certaines époques de l’année et particulièrement lors des fêtes des martyrs, on y célébrait de pompeuses cérémonies ; les fidèles y sollicitaient une place après leur mort ; les papes eux-mêmes recherchaient cet honneur, et de leur vivant y faisaient de longues retraites comme pour retremper leur foi dans ces solitudes consacrées. Peu à peu cependant la ferveur tomba, le zèle se refroidit, et, vers le milieu du Ixe siècle, la