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depuis le commencement des opérations. C’était un nombre à peine suffisant pour tous les travaux de l’attaque, pour leurs garde et leur défense, pour celle du camp, pour l’escorte des convois journellement changés entre Zaatcha et Biskara. L’insuffisance du corps expéditionnaire rendit impossible l’investissement complet de l’oasis ; ce fut une des causes de l’énergie de la résistance et des longueurs du siége.

Le lendemain 13 et les jours suivans, les opérations se continuèrent avec beaucoup d’activité ; l’artillerie établit de nouvelles batteries de brèche, et le génie avança ses travaux pour atteindre, le 16, le bord du fossé, vis-à-vis la brèche de gauche. Il faut que les troupes, qui montent à l’assaut trouvent des rampes qui leur permettent de passer le fossé et de s’introduire dans la place : c’est au moyen des éboulemens de pans de muraille battue par les boulets de l’assiégeant que se forment à la fois la brèche et les rampes ; mais cela ne suffit jamais. Le génie, au moyen de fascines et avec tous les matériaux qu’il a sous la main, achève de frayer le passage en le comblant. À partir du 16 au soir, le génie put s’occuper de la descente de fossé devant la brèche de gauche, mais il ne put atteindre, dans le même temps, le fossé devant celle de droite.

Le général Herbillon, qui montra durant toutes ces opérations une excessive prudence, était cependant pressé de livrer l’assaut malgré l’imperfection des travaux du génie. L’insurrection gagnait du terrain dans les provinces de Constantine et d’Alger. Si-Abd-el-Afidt réunissait de nombreux contingens et menaçait. Biskara ; Hamed-Bel-Hadj ; notre éternel ennemi, l’ancien khalifat d’Abd-el-Kader, marchait contre l’oasis de Sidi-Okba, qui nous était restée fidèle. Les Arabes du cercle de Bouçada étaient en pleine révolte, et les nomades du désert, faisant cause commune avec les habitans des oasis, quittaient le Tell pour nous attaquer. Enfin les munitions de l’artillerie s’épuisaient au-delà des prévisions, et, comme les communications avec Constantine étaient interceptées et que l’on ne pouvait faire arriver qu’au moyen de convois de chameaux tout ce qui manquait à l’armée, il y avait nécessité de presser la fin du siége.

C’est le 20 octobre que le premier assaut de Zaatcha fut tenté. Comme il y avait deux brèches, il y eut deux colonnes d’assaut : la brèche de gauche, la mieux préparée par les soins, du génie et de l’artillerie, devait être abordée par la légion étrangère, ayant en tête, ses compagnies d’élite ; celle de droite, enlevée par un bataillon du 43° de ligne ; d’autres troupes suivaient pour appuyer les premières. Au point du jour, des tirailleurs indigènes et trois compagnies du 5e bataillon de chasseurs partirent, sous les ordres du commandant Bourbaki, pour occuper les jardins de gauche, par lesquels les Arabes n’auraient pas manqué de venir tourner les assaillans. En même temps, l’artillerie