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Avant 1850, une sorte d’enseignement industriel était déjà annexée à quelques-uns des athénées. On peut se convaincre, d’après les rapports officiels[1], que moins la section professionnelle était rapprochée de la section littéraire, et plus l’enseignement technique avait de réalité. À Gand, par exemple, où l’instruction industrielle était mieux constituée que partout ailleurs, les deux sections avaient été séparées. À Liège, le rapprochement était très intime, et l’enseignement professionnel presque nul ; Mons et Tournay se trouvaient à peu près dans le même cas : on y avait greffé sur le collége latin une instruction spéciale tout-à-fait insignifiante. La loi de 1850 n’a pas eu sans doute l’intention de mêler les deux enseignemens ; mais elle aurait dû rendre la séparation absolue.

À l’instruction spéciale que sont appelées à fournir les institutions d’enseignement moyen, se rattache le musée de Bruxelles, que dirige un homme éminemment entendu dans les matières industrielles. Ce musée contient une collection de machines et un cabinet de physique. Il est entretenu dans un bon état ; mais, faute d’argent, on ne saurait l’enrichir. On n’y fait pas de cours public sur les sciences appliquées ; un professeur de dessin de machines y est seulement attaché, et forme tous les ans une douzaine d’élèves qui se placent ensuite dans les grandes usines du pays. Il avait été question d’annexer au musée de Bruxelles une école pour la gravure sur pierre ; une réduction opérée dans le budget a fait ajourner indéfiniment la réalisation de ce projet. Le musée possède une bibliothèque technologique qui reçoit tous les bulletins industriels du monde, en échange du bulletin de l’établissement. L’école centrale de Bruxelles se lie encore à l’enseignement industriel ; elle est tout-à-fait indépendante des athénées ; on lui reproche de se montrer trop accommodante pour les prétentions de ses élèves et d’avoir un programme plus pompeux que solide. En résumé, l’enseignement professionnel que la politique du gouvernement belge a cherché à constituer convient surtout à la population aisée. Les écoles industrielles pour les classes laborieuses manquent encore dans le pays. Il existe bien des établissemens appelés écoles de manufactures, qui se sont même multipliées depuis peu en une forte proportion, surtout dans les Flandres ; mais ce sont de simples ateliers qui prennent à tort le nom d’écoles.

Le régime adopté en Prusse diffère complètement de celui qu’a inauguré en Belgique la loi de 1850. Toute ville un peu importante possède un gymnase et une école supérieure dite école civique ou bourgeoise. Ces deux établissemens sont indépendans l’un de l’autre. L’école supérieure se divise bien en deux sections comme les athénées belges

  1. Voyez notamment un remarquable rapport adressé au ministre de l’intérieur en 1848 par M. Trasenster, ingénieur des mines et professeur à l’université de Liège.