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ouvert elle-même une porte, très étroite à la vérité, par l’article 3, que nous allons transcrire ici, bien qu’il soit déjà connu de tout le monde :

« Lorsque, dans la dernière année d’une législature, l’assemblée nationale aura émis le vœu que la constitution soit modifiée en tout ou en partie, il sera procédé à cette révision de la manière suivante :

« Le vœu exprimé par l’assemblée ne sera converti en résolution définitive qu’après trois délibérations consécutives prises chacune à un mois d’intervalle et aux trois quarts des suffrages exprimés. Le nombre des votans devra être de cinq cents au moins. »

Ainsi, sans sortir des termes de la constitution, si l’assemblée actuelle s’y prêtait, avant le mois de septembre une assemblée de révision pourrait être convoquée. Elle serait élue dix mois avant qu’il fût question d’une nouvelle élection de président, sous les yeux par conséquent d’un pouvoir en état de prêter main forte à l’exécution des lois. L’interrègne serait ainsi prévenu. Le pouvoir ne tomberait pas en déchéance, et, avant qu’il fût question de procéder au choix d’un chef de l’état, les bases de l’édifice politique eussent été partout raffermies ; les attributions de tous les pouvoirs auraient été mieux définies, par là même les sujets d’ombrage, les occasions de conflit écartés : l’union du parti de l’ordre pour le choix du président serait devenue plus facile ou sa division moins dangereuse.

Il est clair que c’est là le moyen unique de dénouer légalement les complications légales ; il est tout simple par conséquent que ce soit de ce côté que tournent leurs regards tous les amis de la paix, des lois et de leur pays.

On leur dit que cet espoir est vain ; on leur dit que la révision légale de la constitution est impossible pour deux raisons principales : d’abord, parce que les divisions intestines du parti de l’ordre ne permettent pas d’attendre de ses fractions diverses un concours unanime dans l’œuvre d’une constitution nouvelle ; ensuite, parce que, fût-il réuni tout entier, il ne dispose pas, dans l’assemblée actuelle, de la majorité suffisante pour obtenir constitutionnellement, c’est-à-dire aux trois quarts des suffrages exprimés, le décret de révision. Abordons résolûment l’une et l’autre difficulté.

Les divisions du parti de l’ordre ne sont un mystère pour personne. À dire le vrai, nous nous étonnons que, parce qu’il était prudent de les taire, quelques personnes aient paru penser qu’il était possible de les effacer complètement. Lorsque fut formée, il y a trois ans, cette coalition des partis qui a sauvé la France, leurs chefs, divisés la veille par ! out ce qui peut séparer des hommes publics, n’ont pas prétendu s’être réveillés, le lendemain, transformés par un coup de baguette et parfaitement