Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 10.djvu/508

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

PEINTRES


ET


SCUPTEURS MODERNES


DE LA FRANCE




GERICAULT.




La postérité a commencé pour Géricault. Depuis vingt-six sans, le haines et les colères que son nom soulevait ont eu le temps de s’apaiser. Je ne dis pas qu’il nous soit donné de le juger comme le jugeront les générations futures ; ce serait de ma part une ridicule présomption. Il est certain du moins que le nom de Géricault, après avoir servi de drapeau à la nouvelle école, est entré aujourd’hui dans le domaine de l’histoire, et que nous pouvons parler de lui avec impartialité. Parmi les artistes comme parmi les gens du monde, il se trouve plus d’un esprit habitué à jurer par Géricault, et qui pourtant n’a pas pris la peine d’étudier l’ensemble de ses œuvres. Cette étude générale et désintéressée, qui présentait de nombreuses difficultés au moment de la lutte qui pouvait même sembler impossible tant que durait la bataille, est aujourd’hui singulièrement simplifiée par l’attiédissement des passions qui s’agitaient, en 1819, autour du Radeau de la Méduse. Ces passions attiédies ne sont pourtant pas mortes tout entières. Les