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avait choisi parmi les bataillons les plus renommés de l’armée de siége. Chacun d’eux ne fournissait que trois cents hommes, les plus braves, les plus résolus. Cette réunion de soldats d’élite, éprouvés par tant de combats, devait présenter l’ensemble le plus vigoureux et le plus redoutable. Les chefs qui les commandaient étaient dignes de telles troupes : c’étaient le colonel Canrobert, dont la conduite dans cet assaut a excité l’admiration de toute l’armée ; le colonel de Barral, qui devait avoir plus tard une fin si héroïque, et le colonel de Lourmel, un de nos premiers officiers d’Afrique.

La première colonne (de Canrobert), qui devait franchir la brèche de droite, la plus défendue, était composée, dans l’ordre de combat, des 1er et 2e bataillons de zouaves, du 5° bataillon de chasseurs et de cent hommes d’élite du 16e de ligne.

La seconde (de Barral) devait attaquer cette brèche si funeste naguère au 43e, et qui, entièrement perfectionnée, ne devait plus présenter les mêmes difficultés. Elle était composée du 8e bataillon de chasseurs, rendu à jamais illustre par la sanglante et tragique affaire de Sidi-Brahim, d’un bataillon du 38e, et de cent zouaves.

La troisième (de Lourmel), composée de deux bataillons du 8e de ligne et d’un bataillon du 43e, devait aborder la brèche de gauche. Une section d’artillerie de montagne et un détachement du génie étaient joints à chaque colonne, qui avait en outre un certain nombre de guides arabes engagés par l’appât de l’or à braver ces terribles dangers. Enfin des outils, des sacs à terre, des caisses, des cordes, des sacs à poudre étaient disposés près du pied de chaque brèche pour assurer le succès de l’opération.

M. le commandant Bourbaki avait aussi un rôle important, qui consistait à investir la partie de la ville en dehors de notre point d’attaque pour intercepter les communications de l’ennemi et faciliter, par une diversion, l’entrée des assaillans dans la place. Il réunissait sous son commandement les tirailleurs indigènes, un bataillon du 51 de ligne, et deux cents chasseurs à pied. — Le colonel Dumontet du 43e de ligne avait la garde des tranchées et des ambulances volantes placées près des brèches. — Le colonel Jollivet du 16e de ligne avait celle du camp. Devant un ennemi aussi nombreux et entreprenant, aucune précaution ne devait être négligée. — Enfin la calerie aux ordres du colonel de Mirbeck, était disposée par escadrons à droite et à gauche du camp dans la plaine faisant face à l’oasis.

Les troupes d’infanterie étaient réunies dès la veille dans les tranchées pour être plus à portée de commencer l’assaut de grand matin : elles passèrent ainsi toute la soirée dans l’attente de cette action qui devait faire bien des vides dans nos rangs, mais couronner au moins par un triomphe éclatant un si long et si terrible siége. Les défenseurs de