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somme de 836,739 fr. ; la république du 24 février a fait descendre ce chiffre à 639,000 fr. Louis-Philippe se plaisait à encourager plus directement encore le commerce et l’industrie ; nous nous bornerons à constater qu’il accordait un encouragement annuel de plus de 450,000 fr. en commandes et en acquisitions aux manufactures de Lyon, de Tours, d’Amiens, en même temps qu’à l’industrie parisienne[1].

Le roi parlait souvent avec fierté des progrès que l’agriculture, le premier de tous les arts français, avait pu et devait encore accomplir sous les auspices de la politique pacifique et libérale de son gouvernement. Toutefois ce n’était pas assez pour lui de protéger l’agriculture ; il voulut descendre lui-même dans la lice et rivaliser d’efforts et de sacrifices avec les agriculteurs français. Frappé de la dégénérescence de quelques-unes de nos races chevalines, il se préoccupa surtout de cette branche importante de l’industrie agronomique. Déjà le haras de Meudon, habilement dirigé par les princes ses fils, avait rendu de grands services en popularisant les mérites du pur-sang anglais ; le roi agrandit la question en cherchant à la rendre plus pratique. Il se proposa de régénérer les races françaises de selle, de carrosse et de travail, en remontant pour ainsi dire à leur meilleure origine, c’est-à-dire en croisant les plus beaux types que l’on pourrait encore se procurer avec la race arabe la plus pure. C’était recommencer au profit de la France l’heureuse et féconde expérience que l’Angleterre avait faite au XVIe siècle. Une occasion s’offrit bientôt à lui d’entreprendre cette rouvre, qui devait donner à l’agriculture des auxiliaires plus robustes et à l’armée une cavalerie plus agile et plus durable.

À la fin de l’année 1842, Méhémet-Ali envoya en présent au roi sept de ses plus purs étalons, choisis par lui-même et issus de la race arabe la plus précieuse, l’espèce nedjdi. Dès les premiers mois de 1843, Louis-Philippe fondait un haras arabe dans le parc de Saint-Cloud, qu’il dotait ainsi d’un des plus beaux établissemens hippiques qu’on ait jamais vus. Les premiers essais eurent bientôt le meilleur résultat, et de nouveaux étalons arrivèrent de Mascate et du Maroc. Le parc de Saint-Cloud étant trop étroit pour sa nouvelle destination, le roi résolut de faire du parc de Versailles le centre des grandes expériences qu’il allait tenter pour l’utilité du pays. Un nouvel et vaste établissement hippique y fut créé ; mais ses développemens furent arrêtés par la révolution de 1848. Déjà l’état et les particuliers commençaient à recueillir les fruits de la munificence royale : le roi avait permis que trois de ces étalons arabes prissent place pour quelques années dans les haras de Tarbes, de Pau et du Pin, et beaucoup de propriétaires des contrées

  1. Ces encouragemens étaient prélevés sur le million que Louis-Philippe consacrait chaque année au service du mobilier de la couronne.