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LA


VIE MILITAIRE EN AFRIQUE.




EPISODES ET SCENES D'UNE COURSE DANS LA PROVINCE D'ORAN.




Le timonier venait de piquer trois heures à bord du Charlemagne, qui filait ses dix noeuds, par une belle nuit du mois de novembre 1846, en traçant sur la mer unie comme une glace son sillage de feu, lorsque le matelot placé en vigie au bossoir signala le phare d’Oran. Aussitôt chacun de monter sur le pont, heureux de voir approcher le moment où il pourrait quitter et la prison flottante et l’excellent capitaine Arnaud. — Tant que le monde sera monde, l’officier habitué à la terre préférera son cheval et un plancher solide aux bonds capricieux d’un vaisseau.

Deux heures plus tard, nous entrions dans la baie de Merz-el-Kebir, que le soleil éclairait de son premier rayon. En congé depuis plusieurs mois, nous revoyions tous avec joie ces collines et ces montagnes, ces horizons bien connus, pour nous si remplis de souvenirs ; mais aussi quel spectacle magique ! Pas un souffle dans l’air ; l’ombre abandonnait peu à peu les montagnes. D’abord s’offraient au regard les maisons de Merz-el-Kebir, attachées aux murailles de la vieille forteresse espagnole, puis les tours démantelées de Saint-Michel et la ligne de montagnes qui, sur l’espace d’une lieue, côtoie la baie, séparant le port de la ville d’Oran ; enfin le fort de Saint-Grégoire, fièrement campé à