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à Vienne, c’est la prise de la ville par le prince Windischgraetz. Au milieu de ces désordres de l’Autriche centrale, si les provinces, abusées par les tribuns, ne se sont pas détachées de l’empire, c’est à la force militaire, là comme partout, qu’il faut rapporter ce résultat. Vaincue à Vienne le 31 octobre seulement, la révolution avait été écrasée le 14 juin dans la capitale de la Bohême. Le bombardement de Prague est même la première grande victoire remportée en Europe sur la démagogie ; c’est la première fois que la révolution de 1848 a senti sur sa poitrine la pointe de i’épée vengeresse. Le secours de l’esprit militaire ne suffisait pas cependant au salut de cette monarchie environnée d’embûches ; le jour où l’empereur Ferdinand, bien que dans la force de l’âge, abandonna la couronne à son neveu, il confessa hautement que les anciennes voies ne pouvaient plus être suivies, et tous les esprits sensés purent espérer que la politique entrerait dans une période nouvelle. Ainsi, trois faits principaux, correspondant à trois phases très distinctes de cette histoire, résument la situation de l’Autriche : d’abord, cette société engourdie est brusquement secouée et mise dans la nécessité d’agir ; puis, au milieu des tâtonnemens du pouvoir, c’est l’esprit militaire qui sauve la monarchie ; enfin, après le mois d’octobre, les vieilles habitudes paraissent abandonnées, l’ancienne administration abdique avec l’empereur Ferdinand, et un ministère se forme, qui, aspirant désormais à gouverner, poursuit à ses risques et périls une solution quelconque des problèmes publics.

Ce livre de la Genèse de la Révolution est un symptôme important, il représente le réveil de la conscience générale en Autriche ; il renferme les confessions, les regrets, et finalement l’abdication du vieil esprit qui administrait cet empire avec une si funeste insouciance. Le vieil esprit abdique en se transformant ; il s’incline devant les nécessités nouvelles, et se rattache sans hésitation au gouvernement constitutionnel. Il y a aussi en Autriche tout un parti qui suit la même direction : bien que dévoués par habitude et par amour de l’ordre au régime qui a disparu le 13 mars, une foule d’esprits intelligens et graves ont compris, à la lueur sinistre des révolutions, que les conditions de l’ordre ont désormais changé. Ils apportent, comme l’écrivain dont nous parlons, un concours loyal, une adhésion sérieuse et réfléchie au gouvernement qui se forme. Seulement, et c’est bien leur droit, à ce concours qu’ils ne refusent pas, ils ont la prétention de mettre un pris élevé ; ils veulent surveiller le régime nouveau, le soumettre à une critique décidée et droite, lui demander compte de ses fautes, créer enfin ce parti conservateur, ce parti d’une résistance, non pas hostile, mais bienveillante et sage, qui est indispensable à la pleine exécution du régime parlementaire. L’auteur de la Genèse de la Révolution, en examinant avec une haute et impartiale raison la conduite du ministère