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d’argent, mais il devra vendre les objets à un prix équivalent à l’argent déboursé, y compris les intérêts. Les troupes permanentes seront supprimées. Sera interdite toute affaire qui permettrait à un citoyen de s’enrichir aux dépens de ses frères. Les maîtrises seront entièrement abolies et remplacées par une association fraternelle. Aussi long-temps que ces principes ne seront pas réalisés, l’organisation républicaine de l’Allemagne sera imparfaite.

Ces associations avaient aidé à l’insurrection dans le grand-duché de Bade, en y envoyant plusieurs de leurs membres. L’association de Bâle en particulier avait déployé une grande activité pendant la dernière insurrection ; elle avait exercé une espèce de police secrète aux frontières et fait des rapports au gouvernement provisoire de Bade. Le département fédéral de justice et de police, informé qu’une réunion de délégués de ces associations devait avoir lieu le 18 février 1850 à Morat, fit arrêter ces délégués et séquestrer leurs papiers ; la même chose eut lieu partout où il existait de ces associations. Sur le rapport qui lui fut fait, le conseil fédéral décréta le renvoi des membres qui faisaient partie de ces associations, à l’exception du petit nombre de Suisses qui s’y étaient joints. La question des associations se rattachait étroitement à la question du droit d’asile ; la mesure prise par le conseil fédéral au mois de février de cette année complète dignement l’ensemble des actes qui ont marqué sa politique extérieure.

De tous les pays voisins de la Suisse, c’était l’Allemagne, je l’ai dit, qui lui avait causé les plus sérieux embarras. Le gouvernement fédéral était néanmoins sorti honorablement des nombreuses difficultés que lui avaient créées les entreprises et les menées du radicalisme germanique ; il avait su aussi faire respecter sa politique de neutralité vis-à-vis du Piémont et de l’Autriche. Suivons la Suisse maintenant sur le terrain moins agité de sa politique intérieure.


II. – LA REVISION DU PACTE. – NOUVELLE CONSTITUTION DE LA SUISSE. – SITUATION FINANCIERE.

Un grand acte remplit l’histoire intérieure de la Suisse depuis la révolution de 1848 : c’est la révision du pacte fédéral. Avant de se donner une nouvelle constitution, la Suisse devait interroger sévèrement son histoire, afin de juger à l’œuvre les divers systèmes qui prétendaient s’imposer à ses législateurs. Avant l’invasion française de 1798, le lien qui unissait les divers cantons s’était singulièrement relâché ; aussi Berne et les cantons primitifs firent-ils seuls une énergique résistance. Après sa victoire, la France transforma la Suisse en un état unitaire et lui donna un gouvernement central : tout son passé, sa nature fédérale, étaient méconnus, et la nouvelle constitution ne se maintenait