Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 8.djvu/238

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

relativement à la loi de décroissance de la température dans les régions élevées.

Le voyage aérostatique exécuté par MM. Biot et Gay-Lussac avait laissé beaucoup de points à éclaircir ; il fallait confirmer les premières observations et les vérifier en s’élevant à une hauteur plus considérable. Pour atteindre ce dernier but avec l’aérostat qui avait servi lux premières expériences, un seul observateur devait s’élever. Il fut décidé que M. Gay-Lussac exécuterait seul cette nouvelle ascension. Dans ce second voyage, M. Gay-Lussac confirma et étendit les résultats qu’il avait obtenus avec M. Biot relativement à la permanence de l’action magnétique du globe. Il prit un assez grand nombre d’observations thermométriques, et essaya de déterminer ainsi la loi de décroissance de la température dans les hautes régions de l’air. L’observation de l’hygromètre n’amena à aucune conclusion importante. À la hauteur de six mille cinq cents mètres, M. Gay-Lussac recueillit de l’air qui, soumis à l’analyse, se trouva parfaitement identique pour sa composition avec l’air qui existe à la surface de la terre. En terminant la relation de son beau voyage aérostatique, M. Gay-Lussac exprimait le vœu que l’Académie des Sciences lui donnât les moyens de continuer cette série d’expériences intéressantes. Malheureusement ce vœu n’a pas été rempli. Si l’on excepte une ascension faite en Amérique par M. de Humboldt, quelques tentatives plus récentes qui n’ont eu aucun résultat, il n’y a point à signaler d’autres voyages aérostatiques exécutés dans l’intérêt des sciences.

Jusqu’à ce moment, l’aérostation scientifique n’a guère mieux réussi, on le voit, dans ses premiers essais que l’aérostation militaire. Pourtant un bel avenir lui est réservé, nous le croyons ; mais, avant d’indiquer les questions qu’elle est appelée à résoudre, il faut suivre l’histoire de l’aérostation dans une dernière phase où son programme et ses prétentions se sont de nouveau modifiés. Désormais elle se préoccupe d’étonner plutôt que d’instruire, et, lorsqu’elle vise par momens à des succès moins vulgaires, c’est sur le côté chimérique de la découverte de Montgolfier, sur le problème de la direction des ballons, qu’elle concentre tous ses efforts. Le règne des aéronautes de profession succède en même temps à celui des courageux explorateurs, émules de Pilâtre et de Montgolfier. Le métier remplace la science ; il a, comme elle, ses célébrités, et c’est ainsi qu’il faut citer les noms de Mme Blanchard, de Jacques Garnerin, d’Élisa Garnerin, sa nièce, de Robertson, de Margat, de Charles Green et George Green, son fils.

Sous le directoire et sous le consulat, les grandes fêtes publiques qui se donnaient à Paris étaient presque toujours terminées par quelque ascension aérostatique. Le soin de l’exécution de cette partie du programme était confié par le gouvernement à Jacques Garnerin, qui