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à sa future profession, lorsque les événemens de la révolution française le détournèrent de ce projet. Il vint à Paris et se consacra aux sciences physiques. Il s’est vanté d’avoir fait connaître le premier en France les travaux de Volta sur l’électricité. Tout ce que l’on peut dire, c’est que, lorsque Volta vint à Paris exposer ses découvertes, Robertson l’accompagnait auprès des savans de la capitale, et avait avec lui des relations quotidiennes. Peu de temps après, Robertson obtint au concours la place de professeur de physique au collége du département de l’Ourthe, qui faisait alors partie de la France ; mais son esprit aventureux et inquiet s’accommodait mal de la rigueur des règles de la maison : il abandonna sa place et revint à Paris. Après avoir essayé inutilement de diverses carrières, excité par les succès de Blanchard, il embrassa la profession d’aéronaute ; ses connaissances assez étendues en physique lui devinrent d’un grand secours dans cette carrière nouvelle ; elles lui donnèrent les moyens d’exécuter la première ascension que l’on ait faite dans un intérêt véritablement scientifique. Le beau voyage aérien qu’il exécuta à Hambourg, le 18 juillet 1803, avec son compatriote Lhoest, fit beaucoup de bruit en Europe. Les aéronautes demeurèrent cinq heures et demie dans l’air et descendirent à vingt-cinq lieues de leur point de départ. Ils s’élevèrent jusqu’à la hauteur de sept mille quatre cents mètres, et se livrèrent à différentes observations de physique. Entr’autres faits, ils crurent reconnaître qu’à une hauteur considérable dans l’atmosphère les phénomènes du magnétisme terrestre perdent sensiblement de leur intensité, et qu’à cette élévation l’aiguille aimantée oscille avec plus de lenteur qu’à la surface de la terre, phénomène qui indiquerait, s’il était vrai, un affaiblissement dans les propriétés magnétiques de notre globe à mesure que l’on s’élève dans les régions supérieures.

En quittant l’Allemagne, Robertson se rendit en Russie, et le bruit de ses expériences sur le magnétisme terrestre décida l’académie des sciences de Saint-Pétersbourg à les faire répéter par l’auteur lui-même. Avec le concours de cette académie, Robertson, assisté d’un savant moscovite, M. Saccharoff, exécuta à Saint-Pétersbourg une nouvelle ascension. Les expériences auxquelles ils se livrèrent ensemble confirmèrent ses premières assertions relativement à l’affaiblissement de l’action magnétique du globe. Les résultats observés par Robertson et Saccharoff soulevèrent beaucoup d’objections parmi les savans de Paris. Dans une séance de l’Institut, Laplace proposa de faire vérifier le fait annoncé par ces aéronautes relativement à l’affaiblissement de la force magnétique du globe, en se servant des moyens offerts par l’aérostation. Berthollet et plusieurs autres académiciens appuyèrent la demande de Laplace. Cette proposition ne pouvait être faite dans des circonstances plus favorables, puisque Chaptal était alors ministre de