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en relation avec le directoire fédéral sur la question de Neuchâtel. Ce ne fut là toutefois qu’une parole non suivie d’exécution : les commissaires prussiens ne furent pas nommés. Dans le cas où cette question se réveillerait, il y aurait là de graves intérêts à concilier ; mais tout fait espérer que le débat pourra se terminer sans porter atteinte au principe de neutralité que les traités de 1815 même avaient respecté dans leurs dispositions relatives à la Suisse.

Tôt ou tard, les complications de la guerre d’Italie devaient mettre la Suisse en présence d’une autre grande puissance allemande. Vis-à-vis de l’Autriche comme vis-à-vis de la Prusse, l’attitude de la diète fut prudente et ferme. Les Tessinois avaient montré, dès le printemps de 1848, des sympathies très vives pour la cause de l’indépendance italienne. Lorsque la Lombardie eut été reconquise par l’armée autrichienne, une foule de soldats et de fuyards se jetèrent dans le Tessin, d’où ils firent toute espèce de démonstrations contre les Autrichiens. Par une note du 19 août, le feld-maréchal Radetzky s’adressa au conseil d’état du Tessin ; il lui rappelait que « la Suisse, dans la louable intention de maintenir les rapports de bon voisinage avec le gouvernement impérial et royal de l’Autriche, s’était prononcée pour la neutralité la plus absolue, et que pour ce motif le directoire avait repoussé le duc de Litta et d’autres qui s’étaient annoncés comme délégués de la Lombardie. » Il demandait donc au gouvernement tessinois « de mettre fin aux menées des réfugiés italiens, afin qu’il ne fût pas dans la pénible nécessité de renvoyer les Tessinois domiciliés en Lombardie et de supprimer les relations de commerce entre ces deux états. » Le gouvernement du Tessin déclara les faits allégués dans la note « absolument erronés. » Le maréchal s’adressa au directoire. Celui-ci fit connaître sa volonté positive : il demandait qu’on ne tolérât sur le territoire suisse aucun préparatif de nature à inquiéter l’armée autrichienne. Les Tessinois néanmoins ne tinrent pas compte de cet avis. Radetzky fut alors forcé d’en venir aux mesures de rigueur qu’il avait annoncées dans sa dépêche. L’Autriche cependant avait rendu justice aux bonnes intentions du directoire ; le ministre de cette puissance en Suisse écrivait au gouvernement fédéral, en date du 16 septembre, qu’il venait de recevoir une dépêche du ministère impérial qui l’assurait que « l’Autriche conserverait fidèlement le souvenir de la conduite honorable de la confédération suisse dans son ensemble. » La diète résolut de son côté, le 21 septembre, d’envoyer des représentans fédéraux et des troupes dans le Tessin, et de demander par compensation que les mesures adoptées par l’Autriche fussent rapportées. Le feld-maréchal se rendit aux vœux de la diète, et il consentit, au bout de quelques semaines, à rétablir sur l’ancien pied les relations entre la Lombardie et les cantons suisses. Malheureusement les réfugiés