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XIX

Florence s’agite et renouvelle soit enveloppe, et montre des ombres de héros ; celui qui s’est levé en octobre ne dure jamais jusqu’à la mi-novembre ; celui de ses fils qui l’aime avec dévouement succombe sous une race sans. renommée, et les serpens de Justinien ont flétri et fané sa fleur.

XX

Au bas de la roue, la vengeance de Dieu met le clergé ; la race qui devrait être dévote, là où le Christ se vend tous les jours, se prostitue aux rois aux yeux du monde entier ; ils n’espèrent pas l’avilir davantage, et la peur commune lui garantit une foi stupide.

XXI

La tyrannie ottomane, comme la tyrannie papale, tombe en ruines dans le pays où Gabriel a ouvert ses ailes, où Constantin a déployé l’aigle romaine peut-être le grand décret, qui est vrai par lui-même, veut-il que Rome, Sion et Nazareth, et les autres contrées choisies, soient libres en même temps de toute souillure.

XXII

Mais, débarrassé de ton enveloppe matérielle, délivré de toutes ces choses misérables, avec ta Béatrice, là-haut dans le ciel, glorieusement accueilli, la vie complète d’amour et de paix du siècle vrai détourne ta pensée de notre vie infirme et misérable. Merveille douce et délicieuse !

III

Bienheureux et contemplant là-haut le livre triple et unique, où se résout toute question de temps et de lieu, où le blanc et le noir ne changent jamais, tu sais qu’à travers les douleurs et les ruines notre terre latine se rajeunira comme une plante, par la toute-puissance de l’amour qui met en mouvement le soleil et les autres étoiles.


Chose étrange : Giusti, qui a employé les plus belles années de sa vie à écrire des satires politiques, ne paraît pas avoir étudié les conditions permanentes du genre qu’il avait choisi. Spirituel, amer quand il le fallait, réunissant presque tous les élémens de la vraie satire, on dirait qu’il n’a pas médité un seul jour sur les devoirs du poète satirique. Il n’a pas compris la nécessité d’étudier les questions sociales dans toute leur généralité, et pourtant le poète qui néglige cette étude préliminaire se condamne volontairement à l’entassement inutile des lieux-communs usés depuis long-temps. L’étude des questions sociales, ramenée aux idées génératrices qui les dominent, peut seule fournir à l’imagination du poète les armes dont il a besoin. Vouloir s’en tenir aux idées banales qui servent d’aliment aux conversations de chaque