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Nous avons sous les yeux l’ensemble des travaux sortis directement de l’école éclectique, ou suscités par son influence, depuis ces dernières années. On peut contester la valeur de tel ou tel livre, on peut même nier qu’il y en ait un seul marqué du caractère des ouvrages vraiment supérieurs ; mais ce que les juges les plus difficiles et même les adversaires les plus décidés ne pourront contester, c’est que, par leur nombre, par leur variété, par le sérieux esprit qui les anime, ces travaux ne présentent un ensemble imposant et ne témoignent d’une impulsion vigoureuse et féconde donnée aux nouvelles générations. Pas un seul problème fondamental de la science, pas une question de psychologie, de morale, de théodicée, de métaphysique, qui n’ait été remise à l’étude et envisagée sous quelque point de vue nouveau ; pas une époque de la -pensée humaine, antiquité, moyen-âge, renaissance, temps modernes, qui n’ait été éclairée par les recherches d’une intelligente érudition.

Comment espérer, je ne dis pas de rendre un compte exact et complet, ce qui est évidemment impossible, mais seulement de donner une fidèle esquisse de tant de travaux si divers ? Pour y parvenir, il faudra d’abord les diviser en deux séries, suivant qu’ils se rapportent à la philosophie proprement dite ou à son histoire ; puis, il faudra se résigner à faire un choix parmi les travaux de chaque série, et demander grace pour des omissions nécessaires et des injustices inévitables. Parmi les écrits d’un caractère dogmatique, trois seulement pourront être signalés avec quelque détail à l’attention du public, savoir : le Dictionnaire des Sciences philosophiques[1], publié par une société de professeurs et de savans, sous la direction de M. Franck ; le livre de M. Javary sur la Certitude[2], que l’Académie des sciences morales et politiques a couronné, et l’ouvrage tout récemment publié par M. Henri Martin, comme introduction à son histoire des sciences phtisiques de l’antiquité, sous ce titre : Philosophie spiritualiste de la Nature[3]. Le motif qui nous a décidé à choisir et à rapprocher ces trois ouvrages, c’est qu’ils ont tous un caractère très général, en ce sens qu’ils touchent de près ou de loin à toutes les questions fondamentales de la philosophie ; c’est donc là que nous devions aller chercher les grands résultats et les tendances générales de l’école spiritualiste[4].

  1. 5 volumes in-8o, chez Hachette, rue Pierre-Sarrazin, 12.
  2. 1 vol. in-8o, chez Ladrange, rue Saint André des Arts.
  3. 2 vol. in-8o, chez Dezobry et Magdeleine, rue des Maçons-Sorbouue, 1.
  4. Nous ne pouvons nous dispenser de citer tout au moins quelques ouvrages remarquables, mais qui par leur caractère spécial sont en dehors de notre cadre : deux Petits Traités de M. Damiron sur la Providence, où respire une piété philosophique si douce et si attachante ; la Morale sociale de M. Garnier, ouvrage d’un observateur pénétrant et judicieux ; enfin un livre de haute spiritualité, de la Douleur, par M. Blanc Saint-Bonnet. (Chez Langlois, 81, rue de La Harpe.)