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elle-même, avant l’année 1848, avec, un capital d’environ 80 millions, ne poussait pas ses émissions au-delà de 280 millions, et ce régime n’était pas tellement sûr, que sa constitution n’ait fléchi quelquefois sous le fardeau des circonstances. Cependant, en tenant la proportion pour bonne, aujourd’hui que la circulation s’est accrue et que cet accroissement a pris un caractère permanent, avec 525 millions de billets émis, la. Banque devrait avoir un capital de 150 millions. C’est donc une ressource supplémentaire d’au moins 40 à 50 millions qu’il fallait l’obliger, avant de lever le cours forcé, à demander à ses actionnaires.

On a cherché à. poser, pour la constitution des établissemens de crédit, des règles que l’expérience a condamnées comme décidément insuffisantes. On a dit qu’une banque devait avoir une réserve en numéraire égale au tiers de ses émissions, et il s’est trouvé que la banque d’Angleterre, en gardant une réserve égale aux trois cinquièmes ou à la moitié de ses émissions, a couru des périls qu’une assistance étrangère lui a permis seule de conjurer. La Banque de France elle-même, qui gardait habituellement une distance moindre encore entre sa réserve en numéraire et sa circulation, n’a-t-elle.pas vu sa sécurité compromise et son crédit ébranlé par une soudaine et formidable exportation d’argent dans la dernière crise des subsistances ? Ce prétendu principe, en ce qui touche la proportion du numéraire à la circulation, n’a donc jamais été appliqué par les deux plus puissans établissemens de crédit que renferme le monde civilisé, et il faut s’en féliciter, car si la Banque de France ou la banque d’Angleterre avaient réduit leur réserve métallique au tiers de leurs émissions, loin de faire digue contre les tempêtes périodiques du commerce et de l’industrie, elles eussent succombé à la plus légère pression de la défiance publique. La banque d’Angleterre en particulier eût été constituée en banqueroute dix fois au moins depuis qu’elle a repris ses paiemens.

Une autre règle, que l’on n’a pas manqué de mettre en avant toutes les fois que l’on touchait, avant février 1848, à la constitution des banques départementales, consistait à dire que la circulation des billets, réunie aux sommes déposées en compte courant, ne devait jamais représenter pour une banque plus du quadruple de son capital. Cette maxime financière exprime une prévision que l’on peut considérer comme très rationnelle ; mais l’expérience, de ce côté de l’Atlantique, n’en a pas vérifié encore la solidité. On remarquera toutefois, à l’avantage de la banque d’Angleterre, que la somme de sa circulation, jointe aux comptes courans ou dépôts divers, s’élevait, le 13 juillet dernier, à 38 millions, et que son capital, placé en regard de ce passif exigible, figurait la proportion de 45 pour 100. La même opération appliquée au compte-rendu de la Banque de France, à la date du 25 juillet, présente