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en traits ineffaçables dans nos cœurs comme dans la mémoire de nos soldats : Szecsen, Thurn, Zichy, Sunstenau[1], et toi brave Salis[2], digne fils de cette famille de héros qui saigne sur tous les champs de bataille[3], toi qui, fidèle à ta devise, « où le péril est grand, la gloire en est plus grande encore, » as péri dans la gloire du triomphe ! — Que de regrets, mais aussi que de nobles exemples ont laissés à l’armée autrichienne ces quelques mois de guerre en Italie !

Au commencement de novembre, le feld-maréchal-lieutenant prince Windisch-Graetz, au moment d’entrer en Hongrie, écrivit au maréchal pour lui demander quelques officiers d’état-major. Je fus envoyé à Vienne. À peine arrivé, j’allai à l’arsenal ; je ne m’arrêtai pas devant l’armure de Rodolphe de Habsbourg ni devant le pourpoint percé de balles que Gustave-Adolphe portait à la bataille de Lutzen ; mais, à la vue des drapeaux pris par notre armée en Italie, le cœur me battit fortement, et je pensai à tout le sang qu’ils avaient coûté. C’est sous l’impression vive encore de ce triste et glorieux spectacle que je repartis pour d’autres champs de bataille, pour d’autres combats que j’essaierai de retracer.


GEORGE DE PIMODAN.

  1. Un boulet de canon ayant emporté le bras droit au lieutenant-colonel Sunstenau, il prit son chapeau dans la main gauche et l’éleva au-dessus de sa tête en criant à ses soldats : « En avant ! suivez-moi ! » Il fut tué quelques instans après.
  2. Rodolphe, comte de Salis-Zizers, capitaine au régiment de Kinski, tué à Novarro.
  3. Le général comte Salis-Zizers fut tué à Santa-Lucia le 6 mai 1848 ; le major Daniel Salis-Soglio fut tué à Naples le 15 mai 1848.