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toute l’Italie que Vérone, Mantoue, les deux petites forteresses de Peschiera et de Legnano, et le terrain que couvraient nos avant-postes. Nous n’avions plus de communications avec le reste de l’empire que par la route du Tyrol, sur la rive gauche de l’Adige ; le Tyrol était plein de bandes armées qui gardaient les passages des montagnes ; les crociati, unis aux troupes italiennes qui à Trévise et à Udine avaient passé aux révoltés, allaient couper les ponts et détruire les routes jusque dans la Carinthie, et l’armée qui aurait dû se rassembler sur l’Isonzo pour venir nous mettre en état de reprendre l’offensive était encore à créer.

La position que les Piémontais venaient de prendre entre Sonna et San-Guistina nous coupait la communication directe avec la Peschiera ; mais, le maréchal ayant fait jeter un pont sur l’Adige à Pontone, village sur la rive gauche à trois lieues au-dessus de Vérone, nous pouvions faire passer sur la rive droite des troupes envoyées de Vérone, soit pour rétablir la communication avec Peschiera, soit pour tomber avec avantage sur le flanc gauche et les derrières de l’armée piémontaise, et pour l’empêcher surtout d’occuper la rive droite de l’Adige, d’où le feu des Italiens aurait pu nous intercepter la route du Tyrol. La brigade Wohlgemuth fut choisie pour garder ce passage, et elle occupa la forte position de Pastrengo sur la rive droite, couvrant ainsi le pont et poussant ses avant-postes jusqu’à Cola et Pacengo, sous les murs de Peschiera.

Les Piémontais sentaient combien il leur importait de nous ôter les moyens d’opérer sur la rive droite, et ils résolurent de prendre l’offensive. Le 28 avril, dans l’après-midi, ils opérèrent quelques mouvemens qui firent juger au général Wohlgemuth qu’il serait attaqué le lendemain ; il envoya aussitôt un officier de hussards à Vérone avec cette nouvelle, et je partis à la nuit tombante, par ordre du maréchal, pour annoncer au général Wohlgemuth que l’archiduc Sigismond allait venir le soutenir et joindre sa brigade à la sienne ; mais le général s’était assuré, — grace à de nombreuses et hardies patrouilles de hussards qu’il avait mises en campagne, que les Piémontais se préparaient à envoyer contre lui des forces considérables. Il me recommanda donc de prier le chef de l’état-major de faire sortir quelques troupes de Vérone sur la rive droite, pour attaquer par derrière les corps nombreux dont il allait avoir à soutenir l’attaque.

Comme le général Wohlgemuth l’avait prévu, Charles-Albert, laissant le premier corps d’armée pour garder, pendant le combat, les position entre Custoza et Sonna, vint l’attaquer (29 avril) avec tout le second corps, toute la division de réserve et la brigade de la reine. Wohlgemuth n’avait que sa brigade et celle de l’archiduc ; mais son envie doublait ses forces : il soutint jusqu’à quatre heures de l’après-midi