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LES


CONFIDENCES DE NICOLAS.


HISTOIRE D'UNE VIE LITTERAIRE AU XVIIIe SIECLE.




I. – L’HÔTEL DE HOLLANDE.

Au mois de juillet de l’année 1757, il y avait à Paris un jeune homme de vingt-cinq ans ; exerçant la profession de compositeur à l’imprimerie des galeries du Louvre et connu à l’atelier du simple nom de Nicolas, car il réservait son nom de famille pour l’époque où il pourrait former un établissement, ou parvenir à quelque position distinguée. — N’allez pas croire toutefois qu’il fût ambitieux, l’amour seul occupait ses pensées, et il lui eût sacrifié même la gloire, dont il était digne peut-être, et qu’il n’obtint jamais, — Quiconque aurait à cette époque fréquenté la Comédie-Française n’eût pas manqué d’apercevoir à la première rangée du parterre une longue figure au nez aquilin, avec la peau brune et marquée de petite vérole, des yeux noirs pleins d’expression, un air d’audace tempéré par beaucoup de finesse ; un joli cavalier du reste, à la taille svelte, à la jambe élégante et nerveuse, chaussé avec soin et rachetant par la grace d’attitude d’un homme habitué à briller dans les bals publics ce que sa mis avait d’un peu modeste pour un habitué de théâtre royal. C’était Nicolas l’ouvrier, consacrant presque tous les jours au plaisir de la scène une forte partie du gain de sa journée, applaudissant avec transport les chefs-d’œuvre du répertoire comique (il n’aimait pas la tragédie), et