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tranquillité de ces scènes, où tous les efforts du vaincu semblent impuissans à émouvoir le vainqueur.

Nous avons déjà rencontré sans le décrire le bas-relief qui représente le même duel, dans lequel figure un lion qui se défend sous l’étreinte irrésistible et le poignard de l’homme-dieu. Non-seulement le type naturel du lion a été fidèlement retracé, mais encore le sculpteur a déployé dans l’exécution de cette figure un talent véritable. Compris simplement et avec grandeur dans son ensemble, ce lion est rendu avec une vérité, une entente de la nature vraiment admirables. Son attitude est d’ailleurs la même que celle de tous ces animaux, et le lion vaincu est aussi calme que son antagoniste.

Les portes principales sont celles qui ouvrent sur le portique, et les bas-reliefs qui en ornent les embrasures surpassent les autres en étendue et en richesse de composition ; les deux portes de la quatrième face, vis-à-vis des précédentes, ont des bas-reliefs analogues par le sujet à ceux des portes principales. On pourrait, à toutes quatre, leur donner le nom de portes royales ; en effet, les unes et les autres de ces sculptures représentent le roi sur son trône, mais avec des variantes qui distinguent la face du sud de la face du nord ; ainsi sur les premières le souverain a ses sujets de toutes races à ses pieds, tandis que les secondes le représentent environné de ses familiers et de ses gardes. Cette dernière idée a fourni, sans contredit, l’un des plus curieux et des plus beaux morceaux de la sculpture antique ; ce bas-relief est divisé horizontalement en six champs séparés les uns des autres par des bandes de rosaces qui, dans les deux sens de la hauteur et de la largeur, forment des cadres contenant les diverses parties de ce grand tableau. Dans les cinq cadres inférieurs sont rangés des gardes armés de lances, de carquois ou de boucliers, semblables à ceux que nous avons déjà vus répétés si souvent : il y en a dix à chaque rang. Au-dessus de ces cinquante gardes, qui semblent veiller à la sûreté du roi dans son palais, est un tableau qui le représente sur son trône, placé sous un dais dans le costume que nous lui connaissons, et tenant sa canne avec sa fleur ; le trône ou takht (mot persan qui désigne le siège royal, d’où dérive le nom moderne donné à ces monumens), le trône, dis-je, consiste dans un siège dont la forme est celle d’une chaise avec un dossier, un peu élevée, car les pieds du roi ne pourraient toucher à terre et posent sur un tabouret. Ce trône est un des objets les plus intéressans que l’on retrouve sur les bas-reliefs de Takht-i-Djemchid, et, tout en tenant compte de ce qu’avait d’exceptionnel le trône du roi des rois, on n’en a pas moins, par la grace de ses formes, la preuve d’un goût et d’un art déjà très développés à cette époque reculée de la civilisation humaine. Ce siège a de plus une analogie frappante avec ceux des bas-reliefs de Ninive ce rapprochement a une importance