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de l’ornementation de ce monument. Tous, sans exception, sont couverts de bas-reliefs où l’on retrouve le lion, le griffon, le taureau, et cet autre monstre sans nom, vaincus par ce personnage allégorique que nous avons déjà vu, comme un dieu lare, au seuil de tous ces palais. Le roi est représenté là dans toute sa majesté. Pour rendre son effigie plus imposante, on a environné son trône d’un plus grand nombre de gardes et de tributaires. Aucun des autres édifices de Persépolis ne peut rivaliser avec celui-ci pour la beauté de ses tableaux sculptés. Ne serait-ce pas dans cette belle salle, en face de ces pompeuses images d’un roi de Perse, de Xercès peut-être, qu’Alexandre se laissa entraîner par le délire de l’ivresse jusqu’à incendier et détruire tout ce que l’art de ces temps antiques avait créé de magnificences pour la demeure du vainqueur de la Grèce ?

Le vaste espace compris entre les quatre murs de cette salle et l’absence de toute trace indicatrice de divisions faites par des murs de refend nous ont conduit à penser qu’il avait dû y avoir des colonnes. En effet, à deux mètres de profondeur, nous en trouvâmes les bases, et nous acquîmes la certitude qu’il y avait eu cent colonnes sur dix de front dans les deux sens. Elles étaient cannelées et se terminaient par des corps d’animaux.

Les quatre portes qui s’ouvrent sur les faces est et ouest sont consacrées à la représentation de ce personnage à figure humaine, doué d’une puissance surnaturelle, qui combat un taureau, un lion, un griffon et un autre animal participant de ces deux derniers. Deux de ces sujets ont été décrits précédemment ; celui où figure le griffon n’a été qu’entrevu. Dans ce duel symbolique, le monstre a une tête d’aigle avec une espèce de crête qui couvre le cou et s’étend jusque sur le sommet de la tête, où elle forme comme un long bouquet de plumes par lequel son adversaire le saisit. Ce cou emplumé se relie sur les épaules à de grandes ailes qui couvrent le corps. Cet animal fantastique réunit en lui les deux natures du quadrupède et de l’oiseau. La première est indéterminée et participe de deux espèces différentes ainsi la tête de ce monstre est surmontée d’oreilles semblables à celles du cheval ; puis ses ailes d’oiseau laissent paraître d’énormes pattes armées de puissantes griffes, dont l’une repousse vigoureusement son ennemi et l’autre serre fortement son bras. Cette partie du corps où se reconnaît la nature du lion se prolonge jusque vers les pattes de derrière. Là, le genre ornithique reparaît dans les serres d’aigle attachées aux cuisses du lion, et dans la queue d’oiseau qui remplace celle du quadrupède. Cette sculpture est, comme on voit, très étrange. Rien de bizarre comme cet assemblage de parties du corps empruntées à plusieurs animaux. Aussi faut-il voir dans ces images, toutes de convention, quelque chose de symbolique, de mystique, qui explique la