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deux pages ont la tête couverte d’une espèce de calotte basse et plate. Leurs oreilles sont accompagnées de larges anneaux. C’est encore là un objet digne d’attention qui doit avoir une signification propre à la position inférieure de ces personnages, car on ne voit jamais de pendans d’oreilles ni au roi ni à aucun des individus qui paraissent être des gens de quelque importance.

Au-dessus de ce groupe du roi suivi de ses pages est l’ornement symbolique appelé mihr ou ferhouer, signe de la triade mystique du culte des anciens Perses. Il se décompose en trois parties bien distinctes qui représentent les deux natures de l’homme et de l’oiseau unies à un cercle duquel pendent des espèces de petits rubans terminés en boucles. La nature humaine est représentée par un corps d’homme exactement semblable à celui du roi comme type de figure et de costume. Ce doit être la figure d’Ormuzd ou de Mithra, dont le culte s’est étendu jusqu’en Grèce et à Rome, et n’en avait point encore disparu au IVe siècle de notre ère. Sa main droite est levée et ouverte ; de la gauche il tient un petit anneau ; le corps est passé dans le cercle qui unit les diverses parties de cette image, et auquel sont attachées de grandes ailes déployées, avec une queue en éventail comme celle de l’aigle quand il vole. Soit retracé de la même manière, soit modifié, nous retrouverons fréquemment cet emblème religieux. Quant aux sculptures qui ornent les autres blocs de cette ruine, elles sont dans un état qui ne permet guère de les apprécier.

Pour les fouilles que nous avions à exécuter, nous employions des hommes d’un village voisin situé dans la plaine. Ils y mettaient assez de bonne volonté, mais leurs outils n’étaient guère propres à ce travail. Dans un pays où le soleil féconde facilement une terre qui n’est jamais épuisée, l’homme se donne peu de mal pour la préparer. Il n’a que faire d’outils puissans et lourds pour la remuer. Aussi nos travailleurs, munis de petites pioches courtes et légères, faisaient-ils peu de besogne. Ils étaient, comme tous les Persans, trop intelligens pour ne pas prendre intérêt à nos découvertes, et pour ne pas nous aider dans l’extraction des belles sculptures dont ils n’avaient jamais connu que les parties demeurées au-dessus du sol ; mais, tout en comprenant et partageant jusqu’à un certain point notre curiosité, ils ne pouvaient croire que l’amour de l’art fût notre seul mobile, et tous étaient convaincus que nous cherchions des trésors. Il y a en Perse, et généralement dans tout l’Orient, un préjugé bien établi : c’est que tous les monumens de l’antiquité, et principalement ceux qui sont revêtus d’inscriptions, indiquent des trésors cachés. Comme les Persans ont vu des Européens copier ces inscriptions, en chercher le sens, et souvent faire des fouilles sur l’emplacement des ruines, ils en ont conclu qu’on ne venait de si loin visiter ces débris que pour y chercher de l’or.

Il vint un jour jusqu’à moi un singulier bruit que nos ouvriers