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l’édifice était habité. On y entrait par un portique à colonnes, précédant une salle d’apparat également à colonnes. Autour de la salle d’apparat étaient distribués les divers appartemens. Au pied de la façade postérieure régnait une terrasse étroite à laquelle on montait par deux escaliers placés aux extrémités et presque entièrement taillés dans le roc sur lequel reposait l’édifice. Cette terrasse terminait le plateau, qui, en cet endroit, était escarpé à une hauteur de près de 9 mètres au-dessus de la dernière plate-forme sur laquelle nous avions établi notre bivouac.

Les bas-reliefs qui décorent l’intérieur de cet édifice ne diffèrent guère de ceux qui ornent les autres palais. On retrouve, sous le portique, les doriphores avec leurs longues lances ; à la principale porte, le roi, suivi de ses pages, avec le parasol et le chasse-mouches ; sur un jambage demeuré à une embrasure ruinée dans une pièce reculée, des personnages marchant l’un derrière l’autre et portant des objets qui paraissent destinés à la toilette : le premier tient un flacon et une serviette, le second un seau à anse et une espèce de cassolette. Tous deux sont imberbes, et leur visage paraît juvénile. Leur costume est le même que celui des pages qui accompagnent le roi ; ils représentent très probablement des serviteurs intimes, et, par la place qu’ils occupent, ils indiquent les appartemens les plus secrets de cette habitation.

On doit remarquer que, pour l’ornementation de ce palais, on ne s’est pas contenté de sculpter les embrasures des portes comme aux autres, mais qu’on a pris soin encore de placer de petits bas-reliefs jusque dans les embrasures des fenêtres.

Non loin de là, sur un terrain placé au-dessous de ce monument, on rencontre une autre ruine qui paraît avoir appartenu à une salle unique. Elle était enterrée jusqu’à moitié de la hauteur des blocs ou jambages de ses portes. Les fouilles qui y ont été pratiquées ont fait connaître qu’elle contenait des colonnes, et que ses portes étaient, suivant le système généralement adopté pour ces palais, ornées de bas-reliefs. Ceux-ci étaient encore une répétition de ceux que j’ai désignés ou décrits. Le plan et les détails une fois adoptés pour tous ces édifices, il est évident qu’on ne s’en est point écarté, et que les mêmes idées religieuses ont présidé à l’exécution de tous ces monumens.

Presqu’au centre du plateau sur lequel s’élèvent ces ruines est un groupe de cinq blocs sculptés qui paraissent avoir été les piédroits de portes appartenant à un édifice dont il ne reste plus assez d’élémens pour que l’on puisse en reconstruire le plan. Ces blocs sont ornés de grands bas-reliefs dont les sujets sont déjà connus en partie. Deux d’entre eux représentent le roi ; il tient une longue canne de la main droite, et de la main gauche un bouquet ou une fleur de lotus. Sa démarche est grave, son costume fort simple : une longue tunique, légèrement relevée sur le côté, forme de longs plis verticaux ; pendante