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sous terre, et Stockholm qu’à soixante-quinze lieues de Paris. Ainsi de suite. À chaque progrès nouveau des sciences d’application, pourvu que la société ait assez de capital pour incorporer le progrès scientifique en des appareils aussi multipliés que de besoin, la coopération de la nature ainsi subjuguée renverse quelque chose des obstacles naturels.

Lever les obstacles artificiels semble plus simple. Aucune avance de richesse n’y est requise. La conscience n’a qu’à se faire entendre, la raison publique n’a qu’à parler ; mais quel empire n’ont pas les préjugés et les mauvaises habitudes ! quelle n’est pas l’obstination de l’ignorance ! et puis les coteries qui profitent de l’injustice sont si habiles à séduire le grand nombre par leurs artifices ! En ce moment, après les sévères leçons que nous avons reçues, et qui auraient dû nous éclairer tous sur nos véritables intérêts, nous remettre en mémoire à tous l’intérêt général, ranimer dans tous les cœurs le feu sacré du patriotisme, il faut reconnaître, quelque peu flatteur que ce soit pour la nation française, que les obstacles les plus grands dont est barré le chemin qui nous ferait sortir de la misère sont de leur nature artificiels, qu’ils résident dans les préventions ou les vices, l’ignorance ou l’égoïsme de ceux-ci ou de ceux-là. Je le dis la douleur dans l’ame, mais je le dis.crûment ; la flatterie envers la patrie est un crime quand la patrie est en péril.


III. – LES MOYENS DE TRIOMPHER DES CAUSES NATURELLES OU ARTIFICIELLES DE LA MISERE REVIENNENT A SE RAPPROCHER DE LA LIBERTE ET DE LA JUSTICE.

Or comment se mettre dans les meilleures conditions pour triompher des causes naturelles ou artificielles de la misère, comment faire qu’avec une même quantité de labeur humain il y ait pour chacun une pitance moins maigre que la moyenne d’aujourd’hui ? Il est démontré que l’amélioration suppose qu’on ait plus de capital ; comment composer ce précieux élixir ? Elle exige que le travail humain qui.net en œuvre le capital, après l’avoir engendré péniblement, soit plus efficace, plus habile ; comment porter le travail humain à un degré toujours plus élevé de puissance ? Comment contenir les forces malfaisantes qui dissipent le capital à mesure qu’il s’amasse goutte à goutte, au prix des sueurs du genre humain ? Comment dompter les influences funestes qui paralysent la bonne volonté des individus dans le travail ?

Le secret de ce progrès n’est pas difficile à découvrir, mais il est malaisé à pratiquer. C’est le secret du progrès social dans toute son étendue. Il est tout entier dans cette simple formule le peuple qui y aspire doit rapprocher ses lois et ses mœurs du type de la liberté et de la justice. Hors de là il n’est que des expédiens illusoires, vaine fantasmagorie