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VOYAGE ARCHÉOLOGIQUE EN PERSE.


portions de murs qui s’élèvent au-dessus du sol. On doit, d’après cela, présumer que ces espèces de citadelles naturelles se reliaient entre elles au moyen de murailles, et avaient dû être utilisées pour la défense : du territoire de la ville d’Istâkhr. Ces trois monts, bizarres de forme, ne présentent pas d’ailleurs un grand intérêt archéologique. Cependant, celui du milieu, que les habitans désignent sous le nom particulier de Khâleh-Serb, forteresse du Cyprès ou du Cèdre, porte encore à son sommet des vestiges qui ne laissent pas de mériter quelque attention. Peu importans par eux-mêmes, ils attestent néanmoins l’existence d’ouvrages qui devaient se rattacher à un système de fortifications que les princes Achéménides avaient voulu donner pour rempart à leur capitale et à leur trône. Celui de ces trois monts désigné sous le nom de Khâleh-Serb porte sur un plateau élevé de quatre cents mètres environ au-dessus de la plaine, et d’une circonférence de deux mille cinq cents mètres, les restes d’une construction solide en pierres. Le sol, qui est incliné vers le centre, est coupé par des réservoirs destinés à recevoir en même temps les eaux du ciel et celles d’une petite source voisine. Ces réservoirs ont été construits en maçonnerie revêtue d’un ciment très dur : ils étaient placés les uns au-dessous des autres, de façon à ce que le trop plein se déversât successivement de l’un à l’autre, pour arriver à celui du centre, qui est le plus grand et forme la piscine principale. Auprès de celle-ci est l’arbre vert qui a donné son nom au rocher. À ses branches projetées horizontalement, il nous a paru être un cèdre, et si l’on en juge par la circonférence du tronc, qui est de quatre mètres, il doit être très vieux. Cet arbre et la place qu’il occupe de manière à couvrir de son ombre le bassin auprès duquel il a été planté donnent lieu de croire que, si ces réservoirs sont à sec aujourd’hui, ils ont dû être entretenus et contenir de l’eau bien des siècles encore après la ruine de Persépolis ou d’Istâkhr. Ce fait paraît d’ailleurs confirmé par une grande quantité de débris de briques répandus sur ce sommet, et dont la surface émaillée prouve l’origine moderne. La position de Khâleh-Serb, qui réunit toutes les conditions désirables dans un poste militaire, a dû certainement avoir une grande importance dans les temps anciens. L’escarpement et la hauteur de la partie supérieure devaient en rendre autrefois, comme aujourd’hui, l’approche des plus difficiles. Ne sachant comment expliquer la construction d’une citadelle sur ce plateau presque inabordable, les Persans disent que ce sont des chèvres qui y portèrent tous les matériaux. Il est certain qu’aujourd’hui encore ces éminences ne semblent guère accessibles à d’autres animaux.

La journée avait été employée à visiter ces singulières fortifications naturelles, et le jour baissait quand nous nous dirigeâmes vers les magnifiques ruines du palais de Persépolis. Nous aperçûmes bientôt