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LES
CONFIDENCES DE NICOLAS
HISTOIRE D’UNE VIE LITTÉRAIRE AU XVIIIe SIÈCLE.

DERNIÈRE PARTIE.[1]

I - le premier roman de restif.

L’intérêt des mémoires, des confessions, des autobiographies, des voyages même, tient à ce que la vie de chaque homme devient ainsi un miroir où chacun peut s’étudier, dans une partie du moins de ses qualités ou de ses défauts. C’est pourquoi, dans ce cas, la personnalité n’a rien de choquant, pourvu que l’écrivain ne se drape pas plus qu’il ne convient, dans le manteau de la gloire ou dans les haillons du vice. Chez saint Augustin, la confession est sincère. Elle ressemble à celle que les anciens chrétiens faisaient à la porte d’une église devant leurs frères assemblés, pour obtenir l’absolution de certaines fautes qui leur fermaient l’entrée du saint lieu. Chez le bon Laurent Sterne, cela devient une sorte de confidence bienveillante et presque ironique, qui semble dire au lecteur : « Vaux-tu mieux que moi ? » Rousseau a mêlé ces deux sentimens si distincts, et les a fondus, avec la flamme de la

  1. Voyez les livraisons du 15 août et du 1er septembre.